mercredi 6 mars 2013

Hellblazer #300 : Farewell John Constantine


Loin d'être un expert et un assidu lecteur de tous les blogs et sites traitant plus ou moins de comics, j'ai tout de même l'impression que le changement de cap opéré sur la série Hellbazer est sérieusement passé sous le radar. Ce n'est pas du mainstream, soit, mais il me semblait que l'arrêt de la plus longue série ongoing du label Vertigo à son #300 méritait un autre traitement. J'adorerais vous rédiger un dossier, que dis-je, un mémoire, un essai sur les mérites de cet univers horrifico-magique absolument génial, mais les moyens me manquent sérieusement. Ce billet prendra la forme d'un hommage très personnel autour de cet ultime numéro (snif). 

Je vais encore vous parler de ma vie (et vous avez toutes les raisons de vous en foutre), mais ma rencontre avec John Constantine dans le monde des comics a été une putain de claque. Cela remonte à 2008 lorsque Panini décide de publier en Big Book le run originel de Jamie Delano. Le virus est inoculé, et je n'ai cessé depuis de me ruer sur toutes les publications vf, au point que j'envisage de me mettre sérieusement au costard/trench coat. Un petit tacle se doit d'ailleurs d'être adressé à Panini qui a eu une manière assez bizarre de nous faire parvenir la série. Un petit listing rapide : 
- Deux tomes du run de Delano (Hellblazer #1-13, plus des annuals et du Swamp Thing)
- Un tome du run de Garth Ennis (Hellblazer #41-49)
- L'intégralité du run de Mike Carey (Hellblazer #175-215, plus un one-shot)
- La moitié du run d'Andy Diggle (Hellblazer #230-239). 
 Mentionnons aussi le travail des éditions Toth qui ont publié l'intégralité du run de Brian Azzarello en trois tomes (Hellblazer # 146-174)
Les trous sont donc légions, et bon courage pour les complétistes, parce qu'Urban Comics ne semble toujours pas décidé à publier de manière sérieuse du Hellblazer. Ce qui est presque incompréhensible (pour le fan hardcore que je suis) c'est une des rares séries où la qualité a toujours été au rendez-vous. Une quasi-anomalie pour une série si longue, mais largement explicable par le nombre hallucinant de talents qui se sont succédé sur le titre : Jamie Delano, Garth Ennis, Warren Ellis, Brian Azzarello, Mike Carey, Denise Minna, Andy Diggle et Peter Milligan. Hellblazer c'est quelque part toute l'histoire du comics britannique, et John Constantine, l'avatar d'une tradition punk et rebelle, le doigt tendu de Sa Majesté face à une certaine culture ricaine aseptisée. En tout cas, c'est comme ça que je le fantasme. 

Face à la pénurie de publications vf, je me suis donc mis à la VO, en achetant deux/trois tomes par ci par là, mais surtout en prenant en route le run de Peter Milligan au #294, sans savoir que six numéros plus tard, l'aventure s'arrêterait définitivement. Bon et ce #300 ? C'est bien d'ergoter sur la série, mais qu'en est-il de sa conclusion ? J'ai franchement beaucoup de mal à me prononcer, et ce qui est sûr c'est que je ne suis pas emballé comme je devrais l'être. On retrouve bien évidemment les caractéristiques de la série, à savoir un John Constantine qui doit à nouveau biaiser la mort. Il me semble d'ailleurs que Milligan a choisi de récupérer les Fates introduite par Garth Ennis, et que Constantine avait bien baisées en son temps. L'écriture se concentre surtout sur la famille de John : sa femme, Epiphany, sa nièce Gemma, et son neveu, Finn qu'il vient de découvrir. Et c'est là que le bât blesse. Je ne sais quand et comment Milligan a été averti de l'arrêt de la série. Faisons l'hypothèse que cela a été le cas comme tout le monde en novembre 2012. Dès lors on comprend que le scénariste en avait forcément sous le pied et comptait à terme travailler une relation John/Finn à peine esquissée et suggérée dans les #299-300. On sent aussi que Milligan a pu être pris au dépourvu et a du concocter fissa une fin relativement crédible, tout en laissant de côté un paquet d'éléments fondamentaux (quid de Cheryl ? Trois cases sur Chas ?!). Dommage, surtout qu'au niveau de l'émotion et du rendu de la conclusion, on était en droit d'attendre un petit peu plus. Après, je veux bien aussi admettre mes propres lacunes, car manifestement la relation entre John et Gemma que Milligan a développée dans son run est indispensable pour apprécier ce dernier numéro... j'avais quitté Gemma en adolescente brune, là c'est une femme plus mûre et blonde, donc j'ai forcément raté quelque chose. Tant pis... 

Ah... je n'en reviens toujours pas que Hellbazer soit fini. Et je suis un peu énervé. Pas du tout contre Milligan, qui a livré le run le plus long sur le titre (50 numéros !), et qui a fait ce qu'il a pu dans les délais impartis. Je suis par contre plus énervé contre DC qui a décidé de sacrifier le mythe au profit de ses New 52, et d'une Justice League Dark qui marche bien. Une nouvelle victoire des stratégies commerciales sur l'artistique pur...  car dès le mois de mars, John Constantine sera doté de sa propre série solo, version New 52, avec Lemire et Fawkes au scénario. Et je rejoins l'avis de certains lecteurs US qui ne comprennent pas pourquoi deux versions ne pouvaient pas survivre ensemble (une version Vertigo, et l'autre New 52). On peut en tout cas être sûr d'une chose, c'est la fin d'un John Constantine égoïste, provocateur et complètement immoral, antihéros absolu et génial, emmerdeur des anges et cauchemar des démons, un vrai fils de pute qu'on adore détester.

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