lundi 24 octobre 2011

1er Festival Overlittérature à Septèmes

Bonjour à tous, 

une petite session copinage aujourd'hui, puisqu'aura lieu à partir du 4 novembre prochain, le 1er festival des auteurs de l'Overlittérature à Septèmes. Alors copinage pourquoi ? Parce que nous connaissons bien les auteurs justement de l'Overlittérature (une maison d'édition qui ne publie que les auteurs de la région) notamment Gilles Ascaride et Henri-Frédéric Blanc, que leur verve est inégalable, leur plume souvent intéressante et leur boulimie d'échange jamais rassasiée. Si vous aimez rencontrer des auteurs qui ont la passion de la discussion vous savez où aller. 
Mais ce festival est aussi multiculturel, puisqu'il consacre la part belle au théâtre, que ce soit par la lecture de la fratrie Ascaride d'un texte de Valletti, ou bien par la représentation de la pièce "Madame Olivier". Je vous conseille là encore d'y assister, pour peu que vous aimiez le burlesque à la Marseillaise, l'outrance verbale et gestuelle sous fond de débat linguistique de haute volée.

ça bouge en novembre dans la région, profitez-en. 


mercredi 19 octobre 2011

Entretien avec Watchtower Comics (partie 2)


(Suite de la première partie, avec le grand Mdata de Watchtower Comics)


P : Vaste question : pourquoi faut-il lire du comics ?
W : J’ai bien envie de répondre du tac au tac qu’il faut en lire pour que ça marche et qu’on ait plein de titres ! Blague à part, je dirais que le comic book est une forme particulière de bande dessinée, et qu’il ne faut pas hésiter à en lire si on est attiré par sa structure. Et pour retourner la question, je dirais que je ne vois pas de raison de ne pas en lire : le comic book a certes des mauvais côtés (on peut trouver du gore, de la violence, etc...) mais c’est également le cas du franco-belge et du manga. Plutôt que de faire de la généralisation, il vaut mieux essayer de peser les défauts et qualités des titres en eux-mêmes. Et franchement un album comme « C’est un oiseau » peut tout à fait montrer que les comics ne sont pas abrutissants...

P : Qu’est-ce qui différencie le comics de la bande dessinée franco-belge et des mangas ?
W : Ce n’est pas une question facile. Pour y répondre, je vais faire un peu d’histoire : à l’origine, il y avait les pulps, c’est à dire des histoires imprimées sur du papier de mauvaise qualité. On y retrouve l’aspect feuilleton, et un prix bas. Puis est apparu le comic strip (le terme comics en découlant), c’est à dire des petites histoires (sur une “bande” ou strip) dans les journaux ou magazines. Progressivement est venue l’idée de compiler ces strips en revues, appelées comic books (qui seront bien plus tard compilées en Trade PaperBack, c’est-à-dire en albums). Comparer le comic book et le franco-belge (qui a pourtant également ses origines en presse) revient à comparer deux modèles différents : il y a un aspect feuilleton plus soutenu dans les comics, avec le plus souvent un épisode chaque mois. Les histoires sont donc articulées pour fonctionner sur ce modèle (quoique cela a tendance à changer, les récits “modernes” sont maintenant articulés pour les TPB), alors qu’en franco-belge on raisonne plus en termes d’albums. L’aspect financier est aussi non négligeable, les comics héritant des pulps bon marché revenant moins cher qu’un album de franco-belge (même si la situation est un petit peu biaisée chez nous : les éditeurs comme Panini se contentent d’adapter des licences dont ils ont les droits alors que des éditeurs de franco-belge doivent lancer les projets, rétribuer les auteurs, etc...et ceci a un coût). Sur le plan de la mise en page, le franco-belge est en général plus “sage”, avec des planches alignant bien sagement leurs cases alors qu’un comic book peut avoir des mises en page très spectaculaires. Concernant le manga, par contre je ne saurais pas trop en parler, n’étant quasiment pas lecteur (à part Cobra), même s’il est évident que le format et le sens de lecture forment une différence. Sur le plan du graphisme pur par contre les différences s’estompent, car chaque type de bande dessinée puise ses inspirations dans d’autres types. Ça se voit par exemple avec des titres comme « Empowered » ou « Scott Pilgrim » qui empruntent des codes du manga.

P : Au début de l’entretien, tu as déclaré que "l'envie de lire de bonnes histoires est un puissant moteur", donc est-ce que tu penses que le comics propose de meilleures histoires que ses équivalents français et japonais ?
W : Je ne pense pas. En fait je voulais juste mettre en valeur le fait que je ne lisais plus du comics uniquement pour retrouver mes personnages préférés, mais je me suis mal exprimé ! D’ailleurs je lis aussi du franco-belge, mais beaucoup moins que des comics il est vrai (cet été je me suis fait un petit plaisir, je me suis pris l’intégrale des « Passagers du vent »). Je pense que chaque famille de la bande-dessinée a ses bonnes et ses mauvaises histoires : les séries “de Troy” postérieures au cycle original de Lanfeust (dont le concept me semble usé jusqu’à la corde) sont à mes yeux aussi peu intéressantes qu’Ultimatum... Et inversement je prends autant de plaisir à lire « Scalped » que  « Le fléau des dieux » ou « Universal War One ».

P : Quelles sont les différents sous-genres qui composent le comics ?
W : Le comic book est dominé par ce qu’on appelle le mainstream (soit le comics visant le large public, ndP), c’est à dire les histoires de super héros. D’ailleurs quand on pense “comics”, on pense tout de suite à un gars avec son slip sur son pantalon et une cape. Le mainstream lui-même a ses sous-genres, comme l’urbain (des héros “de rue” comme Daredevil ou Spiderman) et le cosmique (dont Green Lantern est un bon représentant). Mais il y a beaucoup d’autres genres : du polar, du thriller, de l’humoristique, de l’historique, de la SF pure...Le comic book est somme toute un genre assez vaste où peuvent cohabiter « Spiderman », « Walking dead », « Snoopy » et « 100 Bullets » ! Tout dépend de l’histoire que l’auteur veut raconter, c’est un peu elle qui définit le cadre, en dehors du mainstream dont les codes sont assez figés (un auteur de mainstream chez Marvel doit par exemple accepter que son personnage puisse mourir 12 fois, revenir autant de fois et être embarqué dans le super event de l’année).

P : Au regard de ta grande expérience de lecteur, qu’est-ce qui a changé dans la production des comics ?
W : Au niveau de la production, l’infographie a progressivement fait son entrée dans les albums, notamment au niveau de la colorisation et du lettrage. C’est assez flagrant sur « Rocketeer », dont la colorisation d’origine et la nouvelle (signée par la talentueuse Laura Martin) sont à des années lumières l’une de l’autre. Les gros éditeurs sont également de plus en plus gros (principalement le “big two” Marvel et DC), et du coup sont assez figés. Chez Marvel par exemple, c’est assez cyclique au niveau de la production : event (évènement important dans l’univers des superhéros, ndP), status quo, event, status quo, etc...Internet a également pas mal bouleversé la communication des éditeurs, qui ont cédé aux sirènes du buzz (Marvel spoilant ses events non encore terminés !). Pour continuer à parler du big two, il faut aussi voir qu’avec le succès des films, ils sont entrés dans une logique de franchise plutôt que de titres de BD, avec les débordement que cela peut engendrer (comme les idées des films rétro-insérées dans les comics avec la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaine). Enfin j’ai l’impression que les comics connaissent des phases, plus ou moins glorieuses. J’ai l’impression qu’en ce moment nous sommes revenus à une situation analogue à celle des années 90, avec une surabondance de crossovers (histoire étalée sur différentes séries, note de Watchtower) et d’électrochocs destinés à faire le plus de bruit possible (la mort de Batman fait écho à celle de Superman dans les années 90).

P : As-tu l’impression que le comics est une forme artistique légèrement sous-évaluée ? (J’ai parfois ce constat que le public jeune lorgne de préférence vers le manga, tandis qu’un public plus mature ira plus volontiers vers la franco-belge)
W : Le problème à mon avis, c’est que le comic book a toujours plus ou moins eu une mauvaise réputation chez nous. D’abord accusé de pervertir la jeunesse, il a été ensuite totalement associé à celle-ci, et ses amateurs ont de ce fait été vus pendant longtemps comme de grands enfants. La conjonction de deux facteurs, à savoir la popularité des films et le phénomène de “mode” autour du geek (qui est devenu chic), change doucement la donne. Ça n’a l’air de rien, mais c’est très agréable de pouvoir acheter du comics chez un libraire lambda sans être regardé de travers (du vécu quand j’ai repris les comics et que j’achetais mon Wolverine en face de chez moi). Mais le manga reste très implanté, propulsé par les animes qui ont rendu populaires ses codes et je ne vois pas à moyen ou long terme le comic book arriver à dominer son homologue nippon. Quant au franco-belge, il est vrai qu’il garde encore la préférence du public français, par tradition (ce que je comprends, dans ma famille on lit du Tintin de père en fils, de mon grand-père à mon fils). Il faut voir aussi que l’offre en franco-belge et manga est beaucoup plus conséquente que l’offre comics en France (et beaucoup plus mise en avant), ce dernier ayant de plus l’avantage d’être peu onéreux. Mais vu l’intérêt montré par des éditeurs jusque-là moins présents dans le domaine des comics (je pense à Dargaud notamment), peut être que le vent va tourner...


P: Le monde du comics est de plus en plus touché par la tendance de la numérisation des numéros, qu’en penses-tu ?
W : J’avoue que j’ai du mal à comprendre cet engouement. Pour moi la lecture passe par un contact tactile important avec le livre (sans oublier le parfum inimitable du livre neuf), la lecture sur écran casse ce lien privilégié que l’on établit avec lui. Pour moi un livre papier est un peu comme un compagnon, que l’on respecte, que l’on transmet alors qu’un livre numérique n’est qu’une simple information, une chimère électronique faite de 0 et de 1. Après je ne jette pas la pierre aux amateurs de numérique, qui ont sûrement de très bonnes raisons de s’y intéresser, mais ce n’est clairement pas mon truc.

P : Où effectues-tu le plus tes achats ?
W : En comic shop. J’ai la chance d’en avoir un juste à côté de mon travail, donc le midi il y a très souvent un petit crochet... En vacances, je me débrouille en fonction de ce que je trouve, le plus souvent en kiosque ou maison de la presse. Je recours très peu à la vente par correspondance, ayant eu pas mal de soucis avec mes colis. Je vais régulièrement à Paris avec mon frère, histoire de dégotter quelques petits extras (bon là j’ai fait un break mais je vais bientôt y retourner !).

P : Quelle a été l’importance des librairies dans la construction de ta culture comics, et aujourd’hui  quelles sont tes relations avec « ton dealer préféré » (pour reprendre une des expressions) ?
W : Mes relations avec mon “dealer préféré” sont au beau fixe, il me conseille bien et je lui achète plein de trucs ! Blague à part mes relations avec les libraires ont toujours été pour moi une grande source d’inspiration, j’adore discuter avec eux sur telle ou telle série. Trouver un libraire qui sache bien guider le lecteur vers tel ou tel livre suivant ses goûts, c’est comme trouver un trésor...d’ailleurs mon “dealer préféré” m’a bien souvent donné envie d’essayer des titres qui ne m’attiraient pas de prime abord et je n’ai jamais eu à le regretter : je pense notamment à « DMZ », « Gigantic » ou « 52 » qui n’avaient absolument pas retenu mon attention. J’ai beaucoup de respect pour les libraires, qui à mon avis font un bien beau métier.



Nous voilà arrivés au terme de notre première discussion avec Franck/Mdata de Watchtower, que je remercie encore chaleureusement pour sa disponibilité et pour nous offrir ce magnifique lieu virtuel qu'est son site internet. J'ose espérer que cet entretien vous aura intéressés, car nous vous nous retrouverez (prochainement peut-être pas, mais restez aux aguets tout de même) pour une prochaine rencontre Préambule/Watchtower où nous nous attarderons sur la production mainstream des superhéros. 

A très bientôt à Préambule, sur le blog et sur Watchtower, en attendant, passez du côté obscur de la Force et lisez du comics !!

Entretien avec Watchtower Comics (Partie 1)


La rubrique des "Entretiens de Préambule" ayant été inaugurée il y a peu, il ne s'agissait pas de s'arrêter en si bon chemin et de poursuivre l'initiative. Et je vous propose aujourd'hui de parler comics (bd US pour faire rapide), car même si le rayon Bd de Préambule est assez malingre, ce genre parfois trop ignoré et pourtant extrêmement riche, me tient particulièrement à coeur. Et j'ai l'honneur et l'immense plaisir d'introduire sur ce blog un invité doté des meilleures qualités :  expertise, ouverture d'esprit et extrême gentillesse. Donc nous voilà parti pour notre premier entretien (le premier d'une longue série j'ose espérer) avec Mdata du site Watchtower Comics, que je vous conseille très fortement de lire, relire et diffuser dans votre entourage.

Préambule : Bonjour à toi Mdata, si tu pouvais te présenter à nos lectrices et lecteurs.
Watchtower : Bonjour, je m’appelle Franck. J’ai 38 ans, je travaille dans l’informatique et je vis en région Parisienne avec ma femme et nos deux enfants.

P : Comment es-tu tombé dans la marmite des comics ?
W : Comme beaucoup d’enfants de ma génération, j’ai découvert les super héros par la télévision (et ses produits dérivés) avant de découvrir les comics dont ils étaient l’adaptation. J’aimais beaucoup Spiderman, les 4 Fantastiques...Puis en vacances mon frère et moi avons vu des publications avec nos “héros” dedans, et le coup de foudre a été immédiat. Mon voyage dans l’univers des comics a donc commencé en 1982, ce qui ne me rajeunit pas !

P : Qu’est-ce qui t’as fait continuer cette passion jusqu’à aujourd’hui ?
W : A la base, c’était surtout l’attachement à des univers que j’aimais particulièrement, les comics m’apportant de l’évasion... J’étais d’ailleurs quasiment exclusivement un lecteur de Marvel, DC étant difficile à trouver dans ma ville (alors qu’ironiquement j’aimais beaucoup les films tirés des héros DC). Depuis que j’ai élargi mon horizon (DC, Vertigo, etc...) c’est l’intérêt que je porte à ces histoires qui entretient la passion. Même s’il y a toujours l’envie de voir évoluer les personnages et leur univers, l’envie de lire de bonnes histoires est un puissant moteur. D’ailleurs il y a quand même eu un creux pendant les années 90, ayant dû arrêter l’achat de comics pour des raisons financières, en plus d’un manque d’intérêt pour la production de l’époque qui n’était pas fameuse...

P : Comment es-tu arrivé à la création de Watchtower Comics ?
W : Depuis quelques années, j’avais l’habitude de discuter comics avec un ami (et ancien collègue), et d’éclaircir tel ou tel point obscur de la complexe histoire de l’univers Marvel ou de partir dans des grandes discussions sur les comics en général. Ça m’a donné envie de faire un blog pour partager des choses avec davantage de gens. J’ai toujours été un fervent adepte du partage sur internet (forums, newsgroups...) et le blog s’est imposé de lui-même comme une étape supplémentaire de cet état d’esprit. Par contre si j’avais su que le nom Watchtower (Watchtower/La Tour de Garde est une des publications des Témoins de Jéovah, note de Préambule) avait une connotation religieuse j’en aurais choisi un autre !

P: Gérer seul un site internet, l’investissement personnel est sacrément important. Combien de temps consacres-tu par semaine à suivre l’actualité du comics et à mettre à jour WTC ?
W : Ouh là, difficile à dire ! Pas mal de temps (dont toutes mes pauses du midi), variable suivant l’actualité et les mises à jour techniques (je m’occupe aussi de l’aspect technique du site). J’essaie de débrayer le week-end pour passer du temps avec ma famille et recharger un peu mes batteries, même si généralement le dimanche soir est consacré à la rédaction de Le lundi c’est librairie !.  Concernant l’actualité, je tâche d’être le plus réactif possible sur les “grosses” infos (comme l’annonce de nouveaux titres), et du coup mon ipod touch est un outil qui s’avère indispensable pour être informé rapidement (pour le mail, et les applications de réseaux sociaux).

P: Parlons un peu du site, quelles sont les différentes rubriques sur lesquelles tu aimerais insister ?
W : Tout d’abord les différentes critiques, qui constituent l’essence même de Watchtower. Dans ces critiques, je livre un avis très sincère sur ce que j’ai lu ou vu (me sentant en ce sens “libéré” par le fait que je ne demande aucune parution aux divers éditeurs). Alors que ces critiques étaient plutôt anarchiques, elles sont mieux organisées depuis le redémarrage du site début 2011 (avec notamment le lancement de Lelundi c’est librairie ! et la remise en forme des critiques ciné). Ensuite je suis particulièrement attaché à l’espace comicspotting (formulaire de repérage des parutions des comics dans les points de ventes/librairies de France,ndP). Comme je le disais, je suis un fervent adepte du partage sur internet, et du coup de l’entraide entre internautes. Mettre en place un réseau de comicspotting est pour moi une façon de permettre aux lecteurs de s’entraider afin de relayer les sorties des titres. Le concept peut faire sourire, en ce sens qu’on pourrait penser que les lecteurs n’ont qu’à être patients ou se déplacer plusieurs fois, mais j’ai eu l’occasion d’expérimenter une situation où le comicspotting peut rendre de grands services : pendant plusieurs semaines j’ai eu des soucis de santé qui m’ont rendu très peu mobile, et franchement dans ce cas on apprécie de ne pas se déplacer pour rien...C’est un peu ce qui m’a motivé pour donner une nouvelle forme à cet espace, afin de le rendre plus convivial pour qu’il arrive enfin à prendre son essor. J’espère qu’à terme l’espace de comicspotting arrivera à trouver son public. L’information constitue également une part importante du site, j’essaie de relayer les informations les plus marquantes concernant la VF et de tenir à jour les plannings de différents éditeurs. Enfin j’aimerais évoquer la rubrique Humour à la gomme ! où sévit Sumi, dernière recrue de Watchtower (nous sommes trois maintenant, Kristel officiant en tant que photographe et conseillère depuis le début de l’été). Sumi travaille avec moi et nous avons l’habitude de plaisanter sur l’univers Marvel. Du coup il nous est un jour venu l’idée de mettre nos délires sur papier, Sumi étant dessinatrice. On ne prétend pas être les rois du gag, il est fort probable que la plupart des dessins ne font rire que nous mais le but est surtout de s’amuser et de faire profiter les lecteurs de nos plaisanteries (d’ailleurs on s’est bien amusés sur le dernier dessin de Sumi, qui sera mis en ligne prochainement).

P : Quel est l’état d’esprit WTC ?
W : La convivialité, la sincérité et la bonne humeur sont les moteurs du site. Je ne prétends pas détenir la science infuse sur les comics, je préfère me définir comme un simple lecteur qui en lit depuis longtemps, et il y a de toute façon des visiteurs du site qui en savent beaucoup plus que moi. Par exemple je me sens tout petit face à l’érudition impressionnante de Yannzed, dont je me suis même demandé s’il n’était pas un bot branché sur Marvel World (je plaisante hein Yann !) ! Les articles valent ce qu’ils valent, mais ils sont tous écrits avec sincérité et une volonté de partage. Watchtower n’a aucune ambition commerciale, et si je dis du bien (ou du mal) d’un titre c’est que je le pense vraiment (pas de liens commerciaux cachés ou de renvoi d’ascenseur pour voir des albums gratuitement). J’aspire à trouver la meilleure position possible du curseur de ton entre le bâchage systématique et le cirage de pompes, tout en me disant que c’est de toutes façon assez subjectif comme point de vue. Je suis également attaché à une grande liberté d’expression sur les commentaires, n’ayant que très rarement dû en éditer/supprimer (à part les spams bien sûr) depuis l’ouverture de Watchtower. Je pense qu’on a tous notre point de vue, qu’il se respecte et que je n’ai pas à décider de supprimer des messages si je n’aime pas leur contenu. Après il va sans dire que des dérapages qui pourraient nuire à l’image du site seront modérés si leurs auteurs vont trop loin.

P : WTC est également partenaire d’autres sites en lien avec le comics, quelle importance a-t-il dans le réseau francophone, et as-tu des contacts réguliers avec les autres acteurs du comics ?
W : Concernant l’importance, j’avoue que je ne me pose pas trop la question (d’ailleurs je me suis senti un peu bête quand une attachée de presse m’a demandé les stats du site et que je ne les connaissais pas ! Tout en reconnaissant la nette suprématie de sites comme Cable’s Chronicles, à la fois en terme de trafic et de contenu éditorial (non mais sérieux les gars vous dormez des fois ?!) je pense que nous avons tous des choses à dire, avec nos mots et nos points de vue et après c’est au lecteur de choisir ce qu’il préfère lire. J’ai d’excellentes relations avec l’équipe de Cable’s Chronicles depuis fort longtemps, ainsi que différents sites et blogs francophones. Après je ne prétendrai pas que “tous les bloggeurs sont des amis”, déjà parce qu’on ne se connaît pas tous et puis aussi parce qu’il y a forcément des groupes qui se forment naturellement en fonction des affinités. En dehors de la blogosphère, j’essaie d’avoir des contacts réguliers avec les organisateurs de festivals, les éditeurs, les libraires...ce qui est un gros défi parce que je suis quelqu’un d’assez timide à la base ! 

La deuxième partie de l'entretien tout de suite...

dimanche 16 octobre 2011

Entretien avec Metin Arditi

Chères lectrices et lecteurs, je vous disais précédemment que nous comptions profiter des Littorales pour obtenir quelques mots d'un des écrivains invités. Ce fut une chose aisée, grâce à la gentillesse et à la disponibilité de Metin Arditi, qui vient de publier "Le Turquetto" chez Actes Sud (par ailleurs coup de coeur des libraires Préambule). Je vous retransmets donc notre discussion ambulatoire entre la Bo(a)te et le Cours d'Estienne d'Orves. 





Préambule : Merci M. Arditi de nous accorder ces quelques minutes. Tout d’abord qu’est-ce qui vous a conduit à écrire « le Turquetto » ?
Metin Arditi : Ah, vous savez, j’ai toujours eu pour toutes sortes de formes d’art un amour immodéré. Et il s’est trouvé que dans les circonstances du moment, il y avait longtemps que je n’avais pas abordé ce sujet. Je venais de terminer « Loin des bras », qui était un livre à dominante autobiographique. Et puis je me suis dit que c’était le moment de faire une plongée dans la Renaissance italienne. Et voilà, ça s’est fait tout seul.

P : Alors vous l’abordez dans la préface, le caractère véridique du personnage ou du moins le gros doute, le mystère qui l’entoure. Je voulais savoir quelle est la liberté fictionnelle que vous avez prise à ce supposé disciple mystérieux du Tintoretto.
M.A : Ah ça ! Quand j’étais en internat et qu’on nous posait une question indiscrète, nous avions inventé entre copains une expression qui était la suivante : « si jamais on te le demande, tu diras que tu en sais rien » (Rires).
P : (Rires) Donc vous n’en savez rien.
M.A : (Rires) Donc je n’en dirai pas plus. Je révèlerai peut-être sous la torture !
P : Nous n’irons pas jusque-là !

P : Est-ce qu’on pourrait voir votre livre comme une attaque, du moins une critique des identités nationales, ethniques…
M.A : Oui oui. Et religieuses et communautaires.
P : … et leur dépassement par la promotion d’une identité ou d’une quête artistique ?
M.A : Alors certainement que c’est une attaque contre les communautarismes. C’est une attaque contre la facilité qui consiste à vouloir se cantonner à un groupe de personnes dont les caractéristiques sont, à mes yeux, ce qu’on pourrait appeler en mathématiques la cinquantième décimale après la virgule. C’est-à-dire de toutes petites choses comparées à la qualité essentielle qui est la qualité d’être humain. Alors ça certainement oui, et c’est sûr que lorsque je vois des communautés se constituer, ensuite se barricader, se fermer parce qu’elles ont un élément, un paramètre qui les lie, et que ce paramètre c’est par exemple la religion, mais ça peut être aussi la nationalité, je trouve ça tout à fait lamentable. Et je dirais que c’est une façon de s’exclure de l’humanité moyenne. L’humanité moyenne n’est pas faite de gens qui sont supérieurs à d’autres. Elle est faite de personnes qui sont soumises aux nécessités, au poids de la vie, au destin qui leur est réservé, avant tout chose et avant d’être plutôt ceci que cela, avant d’être juif plutôt que musulman plutôt que chrétien.
P : Et justement votre personnage de juif ottoman qui se révèle par l’art peut renvoyer à votre propre parcours.
M.A : Pour vous dire les choses, moi je suis né juif dans un pays musulman, tous les souvenirs que j’ai gardés sont des souvenirs d’une grande douceur, d’une grande affection autour de moi. J’ai été élevé par une nourrice dans la religion catholique, et, comme le Turquetto, j’allais à Istanbul à l’âge de 7 ans, tous les dimanches à l’église, le soir je disais le Notre Père. Et de temps en temps, quand mon père passait, lui qui n’était absolument pas religieux, mais il avait appris enfant une prière juive par cœur, le Shemay Israël, alors il m’arrivait de dire les deux, plus souvent le Notre Père que le Shemay Israël. On m’a mis ensuite en internat dans une école protestante en Suisse. Ma femme est grecque orthodoxe. Mon principal professeur qui était mon professeur d’anglais dont je parle dans certains livres, était un grand orientaliste, de grand talent, et j’étais absolument subjugué par les philosophies et les religions orientales quand j’étais adolescent. Ça m’est très difficile de prendre parti. Et aujourd’hui j’ai créé avec un ami palestinien une fondation en Suisse qui s’appelle « Les Instruments de la Paix », dont le propos est de faciliter l’éducation musicale aux enfants de Palestine et d’Israël. Lorsque nous avons commencé nos discussions avec cet ami, nous sommes d’emblée tombés d’accord sur une chose : « la religion on s’en fiche complètement ». La seule chose qui compte c’est « est-ce qu’on peut aider les enfants à accéder à l’éducation musicale ». Donc c’est vrai qu’il y a une dimension personnelle très forte dans ce livre, si ce n’est que le Turquetto est un très grand peintre et que je ne sais pas tenir un crayon.
P : Mais vous êtes un très grand musicien
M.A : (Rires).

P : En parlant d’attaque contre la religion, quoiqu’indirectement, au moment du procès du Turquetto, on sent que vous êtes à un carrefour quant à la trajectoire adoptée pour votre personnage. Alors il me semble que vous aviez le choix entre une voie de la déchéance, une voie au contraire de la splendide rédemption à Venise, et pourtant vous optez pour une troisième alternative, celle du cycle, de l’éternel retour. Pourquoi avoir effectué ce choix ?
M.A : Parce que l’éternel retour c’est l’infinie sagesse. Mon professeur d’anglais et sa philosophie orientale sont venus me hanter. C’est l’infinie sagesse, il prend la place d’un pauvre. Vous savez que pauvre en turc, je crois que le dis dans le livre, pauvre en turc ça se dit fukara. Et fukara c’est la même racine que "fakir". Et donc c’est quelqu’un qui n’a rien et qui fait des miracles, et qui fait des miracles par sa sagesse, et aussi par son dépouillement. Il ne faut pas posséder. Je lisais ce matin un chef d’œuvre absolu de la littérature qui est « L’homme qui plantait des arbres » de Jean Giono. Il pose la question à cet homme et lui dit « mais ces collines où tu plantes tes chênes, à qui appartiennent-elles ? ». Et il lui répond « je ne sais pas ». Et il s’en fout complètement et il a raison. N’est-ce pas ? C’est magnifique. La sagesse c’est ça. Et cet homme qui plantait les arbres, il en a planté des dizaines, des centaines, tous n’ont pas survécu, mais il a complètement transformé toute la région en lui apportant un nouveau lot. Qu’est-ce qu’il avait ? Des glands, et il les plantait.

P : J’imagine que c’est une remarque que l’on vous fait souvent, d’ailleurs une dame vous l’a faite tout à l’heure, c’est que la Constantinople des XVème et XVIème siècles devient relativement attractive pour certains écrivains, notamment ceux qui ont tendance à privilégier l’outil descriptif à la surutilisation de dialogues. Alors je pense évidemment au « Roman du Conquérant » de Nedim Gürsel, l’année dernier Mathias Enard publiait justement « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants », et maintenant il y a vous avec le Turquetto. Est-ce que vous vous reconnaissez dans cette trinité ?
M.A : Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Je crois que j’avais commencé à écrire le Turquetto avant que Mathias, qui est un ami, ne commence à écrire son livre. Quant au troisième de Nedim Gürsel, je ne l’ai pas lu. Je viens de là-bas, je suis parti, j’ai un parcours qui est celui qu’il est, ça s’est fait un peu naturellement. Cela étant, Nedim Gürsel est un grand écrivain, Mathias Enard est un très très grand écrivain et un garçon formidable, je les admire, mais nous avons des processus totalement déconnectés.

P : Je vais terminer avec une question plus anecdotique. Parce que ce qui m’a choqué dans un premier temps quand j’ai lu votre livre, c’est le fait que vous ayez choisi de franciser l’orthographe des mots turcs. Et en vous écoutant aujourd’hui, je me suis dit que peut-être vous avez voulu retranscrire la mélodie…
M.A : Oui oui !
P : … et l’émotion juste.
M.A : C’est juste. C’est tout à fait juste. Et quand vous allez fermer votre dictaphone, je vais vous raconter quelque chose.
P : Alors je le ferme maintenant…

C'est sur cette dernière note de mystère que je vous quitte, en remerciant encore Metin Arditi pour sa gentillesse et ces temps d'échange. En espérant le revoir, qui sait, à Préambule...

Préambule aux littorales !

Du 12 au 16 octobre ont (ou avaient, tout dépend du moment où vous prendrez connaissance de billet) lieu les littorales de Marseille, manifestation littéraire organisée par les libraires indépendants associés. Comme nous vous l'avions annoncé dans un précédent message, nous avions pour projet d'y faire un tour, et j'en profite pour vous faire un rapide compte-rendu de la journée du 15 octobre.

Après quelques péripéties dans le centre-ville de Marseille, nous voilà arrivés au coeur de la manifestation, soit le Cours d'Estienne d'Orves. La zone dite des chapiteaux est composée de trois pavillons distincts. Le premier et plus important est réservé aux libraires indépendants organisateurs de l'événement. Un moyen pour présenter les nouveautés littéraires, pour obtenir une dédicace des écrivains invités et éventuellement échanger quelques mots avec eux, mais aussi écouter les conférences essentiellement animées autour des dernières parutions des écrivains (le Forum radiophonique).


La librairie Maupetit

Metin Arditi au Forum Radiophonique

Dédicace sur le stand Maupetit

Metin Arditi en séance de signature
Le deuxième pavillon occupée par un libraire, proposait par ailleurs une écoute originale de poèmes sur transat'.


Claudine découvre le lieu
Enfin le troisième pavillon était consacré au Book Project International, un espace bibliophile consacré aux livres et revues d'artistes venant de diverses contrées (France, Italie, Hongrie, Japon)





Ce qui nous intéressait plus particulièrement étaient bien évidemment les rencontres et discussions littéraires organisées cette année autour du thème "Frontières en Mouvement" et qui avaient pour point de chute la Bo(a)te, un bar/restaurant du plus grand charme. Nous avons pu assisté à deux reprises à ces opportunités uniques de pénétrer le travail d'écriture et la posture de l'écrivain. 
La première rencontre réunissait Daniel Maximim (de la Guadeloupe), Eugène Nicole (originaire de St Pierre et Miquelon) et Roland Brival (orignaire de la Martinique), sur le thème "Outre-mer, des frontières naturelles". Même si le journaliste s'est souvent laissé débordé par la volubilité et l'enthousiasme des écrivains, nous avons apprécié l'approche identitaire particulière pour l'écrivain insulaire, l'importance accordée à l'absence d'histoire et la nécessité d'en réécrire une, ainsi que la grande générosité de ces dissidents qui ont décidé de quitter leur île pour engager un combat littéraire intéressant. J'en profite pour vous relayer le grand coup de coeur de Claudine, à savoir "L'oeuvre des mers" d'Eugène Nicole, qui est selon elle (et je mets quiconque au défi de la contredire) une oeuvre majeure de ce XXIème siècle. 
La deuxième rencontre avait quant à elle pour thème "Polyphonie, d'une langue à l'autre", et s'attachait à étudier la difficulté ou la facilité qu'avaient les écrivains présents (Simonetta Greggio, Luisa Valenzuela et Metin Arditi) à jongler d'une langue maternelle à une langue d'adoption. Même si les échanges y furent inégaux, nous avons particulièrement bu les paroles de Metin Arditi et de Luisa Valenzuela sur l'idée d'une écriture s'attachant à l'émotion pure, et qui par la mélodie de la langue et la ponctuation atteint l'universalité dans le sens qu'elle peut toucher n'importe quel auditeur. 

Une journée très agréable donc, conclue par une discussion plus intime avec un des écrivains présents, que je me propose de vous retranscrire dans un prochain billet. En tout cas, si vous n'avez pu assisté à ces Littorales, je réitère les compliments que j'ai prononcés à plusieurs reprises, c'est une date que vous devrez inscrire sur vos agendas 2012.

mercredi 12 octobre 2011

Nouveaux coup de coeur et coup de gueule

Chères lectrices et chers lecteurs,

le mois d'octobre est déjà bien entamé, et nous vous proposons un nouvelle critique sur le dernier roman publié de Trevanian : Incident à Twenty-Mile, un de nos premiers coups de cœurs automnal. Nous vous invitons donc à en prendre connaissance sur notre site

Il sera par ailleurs rejoint par Frédéric Beigbeder, mais dans l'autre catégorie où il pourra trôner pendant quelques temps. Gageons tout de même que son règne ne s'éternise pas trop. Donc pour être convaincu de ne pas acheter son "Premier Bilan après l'apocalypse" c'est ici que ça se passe.

A très bientôt chez nous !!

lundi 10 octobre 2011

Retour sur la Braderie Préambule


Ça balance pas mal à Cassis. D'habitude les libraires de Préambule donnent du poids aux livres... sauf le weekend du 1 et 2 octobre, à l'occasion de la grande braderie de Cassis, Préambule vendait ses livres aux poids. 5 euros la livre de livres, 1 euro les 100 gr... emballé c'est pesé...
Et avec ça !!!

En tout cas, on attend vos retours sur l'évènement, car comme nous nous sommes régalés, il se peut que l'on renouvelle l'opération. 

Merci encore à vous toutes et tous d'y avoir participé !


jeudi 6 octobre 2011

Rencontre/Signature avec Sylvie Bourgeois

Nous vous l'avons annoncé il y a quelques jours sur le site, mais Samedi 8 octobre (dans deux jours donc), nous aurons la joie d'accueillir l'écrivain Sylvie Bourgeois. Un moment idéal pour partager autour d'un bon vin blanc des derniers ouvrages de notre invitée mais aussi de cinéma. 

Venez nombreux au Bar le Port à partir de 17h !!