vendredi 4 mai 2012

New 52 : Swamp Thing

Swamp Thing (#1-7)

Le temps est venu d'enfin terminer mon tour d'horizon des séries new 52 du relaunch DC. Certaines séries ayant rencontré un succès immédiat, il a fallu attendre certaines réimpressions, ruptures momentanées de stock, qui m'ont empêché d'achever la lecture de la série que je vais chroniquer aujourd'hui. Place à un des personnages phares du label Vertigo qui a fait le voyage dans les New 52 : Swamp Thing !

Les plus vieux lecteurs de comics (pas moi donc) connaissent probablement le personnage sur le bout des doigts. A part un vieux volume de Swamp Thing par Alan Moore (publié par Delcourt) et le plus récent Brightest Day, je ne suis pas donc pas le plus érudit en la matière. Disons tout de même qu'historiquement le Swamp Thing est un élémentaire de la nature, créé à partir des restes du corps d'Alec Holland, un biologiste, décédé dans les marais après l'explosion de son laboratoire. Scott Snyder récupère bien évidemment les bases du personnage tout en proposant sa propre version. On retrouve au début de la série Alec Holland, fraîchement ressuscité, biologiste en congé, et qui pourtant, est en possession de tous les souvenirs de la créature qui avait pris possession de son corps. S'il n'a jamais été le Swamp Thing à proprement parler, il en a néanmoins gardé toute la charge mémorielle. Certains dérèglements dans le monde alertent Superman qui vient avertir Holland et solliciter son aide. Après avoir éconduit le kryptonien, Holland reçoit la visite d'un des membres du Parlement des Arbres qui lui révèle son destin. Holland a toujours été lié au "Vert", l'est toujours, et doit embrasser totalement sa cause, en tant que champion ultime face à sa plus grande menace "La Pourriture", qui déferle sur le monde. En somme, il doit revenir le Swamp Thing. Le reste de ce premier arc est composé d'une course poursuite contre un des avatars de la "Pourriture", à peine réveillé, et qui rassemble une énorme armée dans la Vallée de la mort. Accompagné d'Agibail Arcane, le vieil amour du Swamp Thing à laquelle il est toujours connecté, Holland est confronté à un choix cornélien, pour sauver le "Vert" en déroute face aux hordes de la Pourriture, et in fine, le monde. 

Scott Snyder construit donc une mythologie qui fait écho à ce qui est décrit dans Animal Man. Trois puissances s'opposent sur Terre, le "Vert" (les forces végétales), le "Rouge" (les forces animales) et "la Pourriture", représentés ou incarnés par différents avatars et champions. Dans les New 52, "La Pourriture" est en passe de rompre cet équilibre précaire, il paraît évident que le "Vert" et le "Rouge" sont amenés à s'allier, même s'il est suggéré que ces deux forces sont également antagonistes. Autant dire que Snyder maîtrise largement son sujet et qu'il nous livre sept premiers numéros de très grande qualité. Sa vision du Swamp Thing est cohérente, novatrice et a à peine effleuré tout le potentiel qu'il entrouvre. Tout ce premier arc se lit aussi comme la première quête initiatrice du héros, du moins en respecte les grandes lignes : personnage perdu, mentors qui révèlent les enjeux de son combat, acception dans la douleur de son destin. Un moyen efficace de créer l'empathie avec Alec Holland, dont on suit avec intérêt chacun des doutes intérieurs ainsi que les choix particulièrement difficiles à effectuer. L'émotion est là puisque Holland s'accroche désespérément à un amour qui n'a jamais été le sien et qu'il s'apprête de nouveau à perdre. Savant dosage d'horreur, d'héroïsme, d'introspection psychologique, de mythologie shamanique, et de drame humain, Scott Snyder confirme donc tout le bien qu'on peut penser de lui. 

Passons aussi rapidement sur le dessin, essentiellement assuré par Yannick Paquette, même si d'autres dessinateurs interviennent ponctuellement. Plus dans les standards que celui d'Animal Man, cela n'en reste pas moins d'excellente facture, détaillé, et qui collent bien à la tonalité mature de la série. Au même titre qu'Animal Man, on sent que DC a donné carte blanche à ses artistes, et le gore, le sanguinolent sont bien présents dans ces sept premiers numéros. Mais après tout, on parle quand même de la "Pourriture" et du retour de l'enfer sur Terre.  Il est donc logique que le traitement visuel soit à la hauteur de cette thématique. Certains trouveront cela peut-être dérangeant, mais je tenais aussi à signaler la composition particulière des cases dans Swamp Thing. C'est original, et ça brise un peu les codes classiques du comics auxquels nous sommes habitués. Un bon point pour assurer une identité propre à un héros si particulier. 

Vous vous attendez donc à ce que je vais écrire. Et oui, Swamp Thing est une des meilleures séries des New 52. Certains pouvaient craindre une édulcoration de la série hors label Vertigo. Que Nenni ! Swamp Thing est destiné à un public qui a le coeur accroché et qui attend d'un écrivain un scénario plus complexe qu'à la normale. Sachant qu'Urban est en train de révéler ce qui sera publié en vf, je ne peux que vous conseiller de faire l'investissement en vo (les TPB sont en train de sortir) de deux grands oubliés de leurs annonces : Swamp Thing avec Animal Man, of course.

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