Geoff Johns présente Superman Tome 1
Le dernier fils
contient Action Comics #844-846, 851 & Annual #10-11
Pour ne pas pas faire de jaloux, on va passer à une petite chronique de comics vf, avec cette nouvelle parution d'Urban Comics, troisième titre de la collection "DC Signatures" qui met en exergue les grands runs des scénaristes phares de DC. Le choix d'Urban de consacrer encore une fois Geoff Johns sur Superman a de quoi surprendre. Un petit mot s'impose sur la place qu'occupe le kryptonien dans la trajectoire de l'architecte made in DC. Magneto Geppetto !
Geoff Johns a en fait connu deux périodes sur Superman. La première correspond à ses débuts de scénariste. Manifestement convaincant sur le titre JSA (Justice Society of America) sur lequel il officie depuis 2000, DC décide de confier au jeune Johns rien de moins que la série Superman en 2002, qu'il mènera pendant un peu plus d'un an. Mais ce n'est pas à ce premier essai que s'intéresse ici Urban. Car Geoff Johns reprend du service sur Superman en 2006, mais cette fois-ci, c'est sur Action Comics qu'il opère, et ce jusqu'en 2010 ( quoique de manière erratique et discontinue). Force est de constater que ce run, pourtant conséquent en termes de numéros, est plutôt méconnu. Le run sur Action Comics est quelque part coincé entre les gros projets que Johns vient d'achever à cette époque (Infinite Crisis, 52) et surtout le gros travail de réhabilitation entrepris sur Green Lantern depuis 2004 et qui débouchera en 2010 et 2011 sur les crossovers blockbusters Blackest Night et Brightest Day. Je dirais donc que c'est tout à l'honneur d'Urban Comics de publier ce qui était, à ma connaissance, jusque-là inédit chez nous en France. Un dernier mot sur le recueil "Le dernier fils", qui ne correspond pas au début du run à proprement parler, mais qui est symboliquement important. Sur cet arc, Geoff Johns collabore avec Richard Donner (réalisateur des mythiques Superman 1 et 2) dont il a été auparavant l'assistant. C'est d'ailleurs ce travail d'assistant qui lui ouvrira les portes de DC. La boucle étant bouclée, place à la critique de ce tome 1.
L'intrigue du dernier fils rappelle furieusement le script de Superman 2 (doit-on suspecter la présence de Richard Donner ?). L'arrivée sur Terre d'un mystérieux enfant chamboule la vie de Clark Kent. Non seulement le bambin parle le kryptonien, mais est capable de soulever des objets qui font dix fois son poids. L'armée décide assez rapidement de le mettre à l'ombre. Erreur grave, puisque Superman leur ravit l'enfant et envisage un temps de l'éduquer avec Loïs Lane (ils sont à ce moment en couple, la journaliste connaissant son identité secrète). Bien sûr, tout ce beau monde ne va pas rester tranquille très longtemps, puisque vont débarquer de (spoil) le général Zod et ses sbires prêts à conquérir la Terre pour en faire leur nouvelle Krypton. Comment vont réagir Superman, l'enfant et que diable vient faire Lex Luthor dans ce joyeux bordel ?
Sans être révolutionnaire, cet album ressasse de manière extrêmement efficace certaines thématiques propres à Superman : l'inévitable destruction de l'âge d'or (Krypton), le legs familial, la mélancolie d'un Superman incompris et seul sur Terre, la question de la fidélité à la terre d'origine ou à la terre d'accueil mais aussi la propre fibre paternelle d'un Kal-El qui a muri. Johns varie ainsi en très peu de numéros les tonalités, et on passe de l'action épique, démesurée et jouissive (et c'est Superman quand même !) à une émotion tout en retenue, où l'on devine les non-dits et les failles internes de l'homme de fer. L'articulation qu'a décidé de faire Urban entre les numéros d'Action Comics et les parties des Annuals 10 et 11 comme autant d'interludes, est sur ce point parfaite et met en valeur toutes les thématiques d'un volume qui se révèle particulièrement dense. Encore une fois du très bon boulot éditorial.
Un point sur les dessins d'Adam Kubert (Action Comics #844-846, #851) : moi je les trouve magnifiques, surtout dans le découpage des cases. Certaines scènes d'actions gagnent soudainement en relief avec un rendu vraiment hallucinant. Après pour les Annual 10 et 11 c'est de bonne qualité, sans être transcendant, disons que je suis moins fan de certaines approches graphiques.
Alors le verdict ? Encore une fois Geoff Johns très performant, une édition aux petits oignons, et en plus c'est très beau. Alors si comme moi vous étiez plutôt néophyte en ce qui concerne Superman, cet album ne se boude pas. Rendez-vous le 24 mai au prochain tome avec Eric Powell (!!!) aux dessins.
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