dimanche 3 juin 2012

Avengers vs X-Men #0-4

 
 Après un Fear Itself, pour le moins contestable et contesté, Marvel devait redresser la barre dans la préparation de son mega-event annuel. De plus Marvel se devait de réagir face à la stratégie du relaunch de DC, se faisant systématiquement gifler dans les ventes mensuelles par les poids lourds des New 52. Dire que la Maison des Idées a sorti l'artillerie lourde est peu dire... Le nom du crossover parle de lui-même, Avengers vs X-Men (AvX pour les intimes), qui est donc le cadre de l'opposition des deux équipes de superhéros les plus mythiques de l'univers Marvel. Pour l'occasion, les plus grands scénaristes (mais pas forcément les meilleurs) de la maison, les fameux architectes, ont défini ensemble les grandes lignes du crossover, chacun étant par contre chargé d'écrire un chapitre en particulier. Se succèderont donc sur les 12 numéros de AvX, Bendis, Aaron, Brubaker, Hickman, Fraction.  Au tiers de l'event, autant faire un petit bilan de la première mise à feu. 

Je dois dire que j'ai particulièrement apprécié le prologue de AvX. Co-écrites par Bendis (pour la partie Sorcière Rouge) et Aaron (pour la partie Hope Summers), ces vingt pages présentent les enjeux avec finesse, en s'attardant sur les futurs protagonistes. J'ai été particulièrement content de retrouver la Sorcière Rouge, en phase de réintégration dans la vie héroique. Ses retrouvailles avec Vision sont déchirantes, et on voit que lorsque Bendis s'en donne les moyens, il est toujours capable de livrer des dialogues souvent efficaces. Quant à Hope Summers, on sait qu'un invité indésirable compte incessamment lui rendre visite. Dès le premier numéro la menace est clairement identifiée, les satellites du Shield ayant repéré la signature énergétique du Phoenix qui se rend à toute vitesse sur notre planète. Après consultation avec Wolverine, Captain America se rend sur Utopia pour négocier avec Cyclope la reddition de Hope Summers, suspectée d'être l'hôte du Phoenix. Autant dire que les pourparlers ne se passent pas comme prévus et Cyclope déterre la hache de guerre en blastant le capitaine étoilé. Ce dernier réplique par son célèbre "Avengers Assemble !", et une ribambelle de Vengeurs (pratiquement tout le monde) débarque sur le sol d'Utopia pour en découdre avec les locaux. Après une première bataille, les deux derniers numéros sont consacrés à la fuite de Hope, qui cherche à accepter seule son destin en se rendant sur la Lune. Alors que les Vengeurs et les X-Men la rejoignent, se pointe le fameux Oiseau de Feu.

Voilà pour ce qui est du résumé de ces cinq premiers numéro (en comptant le prologue) d'AvX. La première partie de l'event est donc quasiment dédiée à Hope Summers, et à l'inéluctable qui se profile, à savoir son intégration du Phoenix, et surtout ce qu'il adviendra de la fusion. Sur ce point s'opposent Vengeurs et X-Men. Sagement, Steve Rogers et Iron Man présentent son arrivée comme une des plus grandes menaces que puisse encourir la Terre. Pour Cyclope, le Phoenix est synonyme de vie, de résurrection ; avec lui, Hope Summers pourrait devenir le véritable messie pour lequel toute la race mutante s'est battu depuis des années. Clairement, AvX se situe dans la continuité de tous les évènements qui ont perturbé les X-Men depuis le fameux "No More Mutants" de Wanda dans House of M. Messiah Complex, Second Coming, Schism, ont conditionné les attentes, peut-être irresponsables, de Cyclope dans AvX, leader d'une race exténuée qui fait un gros All-in sur le Phoenix et sa protégée. AvX accorde également la part belle à Wolverine, en trublion de l'event. Le cul entre deux chaises (membre des Vengeurs, et du côté schismatique des X-Men), il brouille les cartes, trahit pour se faire trahir, et applique la même recette avec Hope que celle avec Wanda dans The Children Crusade, à savoir qu'il faut tuer la petite avant le désastre inévitable de toute l'opération. En parlant de la Sorcière Rouge, on ne la voit qu'une fois de dos, regardant à la télé les affrontements entre les deux équipes, mais se levant après avoir griffonné un phoénix avec un petit texte suggestif "This is how the world ends". Attendons-nous donc à son entrée en scène sous peu. 

Un point sur les différents numéros, qui sont chacun écrits par un scénariste différent. Personnellement, j'ai du mal à percevoir de grandes différences entre les styles, quand bien même un Bendis en forme sortira toujours du lot au niveau des dialogues. Après, dire qu'Aaron est peu en forme par rapport à Hickman ou Brubaker, non, je n'en ai pas l'impression. La cohérence est toujours là, sachant que les cinq comparses ont rédigé ensemble l'histoire globale de l'event. Il aurait été du coup désastreux que la qualité soit en dents de scie. Le véritable problème vient du dessin. Je ne comprends pas, non, je ne comprends toujours pas comment on puisse décider de donner un tel crossover à John Romita Jr. Clairement l'artiste, n'est pas, ou plus, au niveau. Dans World War Hulk, cela pouvait encore passer, encore que, mais là dans AvX, son style nuit considérablement à la qualité. C'est souvent moche, les visages taillés à la serpe, les effets pyrotechniques souvent ridicules, bref du Romita Jr... Quand on pense aux autres artistes qui aurait pu être engagés (Coipel, Kubert, Davis, Mc Niven, Deodato, Cho, pour ne citer qu'eux), il y a de quoi enrager, car AvX aurait droit à un traitement visuel qui rende honneur à son envergure. (Soupirs) Quand on voit le prologue, on regrette vraiment que Romita ne se soit pas cassé les deux poignets en janvier dernier. 

Bon, alors que dire de ces Avengers vs X-Men ? C'est bien, sans non plus être parfait, et possède les mêmes travers que les grands crossover dans leurs scènes d'action parfois illisibles et souvent anecdotiques, ce qui est généralement le cas quand trop de personnages sont mobilisés. L'action n'est donc pas terrible terrible, mais Romita Jr a une bonne part de responsabilité dans cette affaire. Il faudra peut-être compléter avec les fameux AvX Versus, consacrés sur les bastons entre les deux équipes, et qui pallient peut-être le manque de spectaculaire parfois criant des premiers numéros. Il faudrait peut-être aussi voir ce que cela donne dans les différents Tie-In (Toutes les séries Vengeurs, plus Uncanny X-Men et Wolverine and the X-Men sont mises à contribution), mais je ne pourrai vous renseigner sur ce point. Cela dit, on est bien au-dessus de Fear Itself, pas de doute sur ce point. Il se passe toujours quelque chose, et l'ensemble est vraiment cohérent avec les différentes productions Marvel. A suivre avec quelques attentes donc... 

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