mercredi 7 décembre 2011

Le poids du papillon d'Erri de Luca. par Alain Nègre-Combes

Un nouveau lecteur s'est proposé de nous faire parvenir une critique littéraire, et c'est avec joie que je vous la retranscris aujourd'hui. C'est aussi un honneur (n'ayons pas peur des grands mots) que d'accueillir sur notre blog Alain Nègre-Combes, pilier de la tradition italophone à Cassis, et à qui je dois beaucoup personnellement. En parlant  d'Italien, le coup de cœur de notre lecteur se porte sur le dernier ouvrage traduit d'Erri de Luca, "Le poids du papillon".

"Le poids du papillon" est un texte court, format nouvelle, d'une cinquantaine de pages. C'est un conte intemporel donc à portée universelle (il n'y a pas de repère temporel ou spatial) sur le sens de la vie et de la mort, sur la vieillesse. 
C'est une belle histoire à la structure simple et plutôt classique : deux personnages, le roi des chasseurs et le roi des chamois, des "personnalités" hors du commun qui vont se poursuivre, s'épier, s'éviter jusqu'à la rencontre finale qui ne pourra se solder que par un match nul. 
C'est un conte tragique : on sait depuis le début grâce aux indices que donne De Luca tout au long du récit que cette histoire finira mal. Une sorte de "fatum" pèse sur le récit et les personnages : le chasseur est vieux et la marche dans la montagne comme la chasse le fatiguent; le roi des chamois est vieux lui aussi et sait que la fin de sa domination sur le troupeau est proche. Leur histoire commune ne peut se terminer que dans le sang et la mort. 
L'écriture est typique de De Luca (on pense à "Monteddidio") : à la fois réflexive et lyrique, toujours métaphorique (on pense à la transposition de "l'effet papillon") dans un style qui va à l'essentiel (d'où la brièveté de l’œuvre); pas de digressions, pas de longs commentaires, pas de longues descriptions, comme s'il voulait capter et transmettre au lecteur l'essence du sens, de la vie et la mort.
"Le poids du papillon" est très représentatif de la personnalité et de l’œuvre de De Luca : on y retrouve sa passion pour la littérature, son amour nécessaire de la montagne, de l'escalade, de la nature, ses interrogations sur le sens de la vie et de certains gestes et comportements.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire