Rencontre avec Clara Prieur
- lauréate du "Prix de la nouvelle ados" -
le vendredi 3 mai, 17 h 30, à la Librairie Préambule
La librairie Préambule est très heureuse d'accueillir Clara Prieur pour une rencontre lecture signature en compagnie de certains élèves du collège des Gorguettes. Déjà lauréate du prix des collégiens du Printemps du livre, Clara Prieur poursuit son aventure littéraire avec une très belle nouvelle titré "Vertige", prix Clara - Nouvelles d'ados, publiée aux éditions Héloïse d'Ormesson. Ce prix, créé en mémoire d'une adolescente décédée subitement, est destiné
aux adolescents qui aiment lire et écrire. Il est décerné par un jury présidé par Eric Orsenna, et sa vocation est caritative, les bénéfices des ventes étant reversés à l'hôpital Necker - enfants malades.
Présentation de Clara par Clara :
" Je m'appelle Clara. Ma mère , pianiste, passionnée par la vie de Robert Schumann, m'a donné ce prénom il y a dix-sept ans. Belle coïncidence pour rendre hommage à celle à qui nous dédions nos nouvelles. J'ai commencé à écrire dès que j'ai su tracer les lettres. D'abord des histoire que je racontais à mes petites soeurs le soir, puis des nouvelles rassemblées dans un recueil intitulé "Instants (en)volés" et "Vertige", achevée à quinze ans, dont voici une version. Un vertige qui pourrait être une rêverie , un parfum iodé et enivrant, un roman "impressionniste" dont les mots dessineraient un paysage en pointillé. J'écris en musique, je danse depuis toute petite, maintenant dans une compagnie, je fais du théâtre et viens de finir le conservatoire de piano. Mais toutes ces activités sont une manière d' "exprimer" , comme si je pouvais écrire avec mon corps, mes doigts, ma voix.
Les mots sont un aboutissements. J'ai besoin de retranscrire tout ce qui rend la sensibilité nue, à vif, semblable à celle d'un enfant.
La tension de la danse dans le corps. La vapeur asphyxiante du silence. Une expression furtive sur un visage comme un mirage. La musique dans laquelle je baigne depuis toujours. Le vent déchaîné et la mer auprès desquels j'ai toujours vécu. Tout ce dont l'intensité me saisit, puissante à en donner le vertige. "
Témoignage de Clara à l'issu de la remise du prix :
" Que toujours perdure le vertige..."
" Je crois que mes chers co-lauréats ont raconté à merveille les événements
de cette mémorable journée du 25 octobre 2012, et de cette magnifique
soirée du Prix Clara.
Bien sûr, moi aussi je voudrais dire à quel point ce moment a été
exceptionnel. Je suis tentée de multiplier les adjectifs : journée
grandiose, incroyable, euphorique, intense, inespérée, onirique même.
Mais pour ce qui est des faits, je pense que quasiment chaque seconde a été
détaillée de maintes façons alors, au risque de vous décevoir, je ne me
sens pas le cœur à proposer une septième version du déroulement de la
journée. Le Prix Clara a été la réalisation d'une utopie dont j'ai rêvé de
toutes mes forces pendant des années. Ce 25 octobre je l'ai vécu comme une
reconnaissance extraordinaire de ce que je fais depuis toute petite mais
aussi comme une grande chance. Grâce à ce prix nous avons pu être édités.
Et lorsque l'engrenage de la publication s'est mis en œuvre en incluant mon
texte j'ai réalisé à quel point cela faisait une différence indélébile, un
« avant-après » à la fois magique et paradoxal. Les mots que j'ai écrits
sont les mêmes qu'ils soient lus par ma famille ou par des milliers de
personnes, pourtant il y a un monde entre ces deux types de mots. Entre eux
il y a le format adoré du livre bleu et vert du Prix Clara 2012. Les
dorures au milieu desquelles se détache le sourire de mes sœurs et de ma
mère. Nos visages immortalisés. La trajectoire inexorable, sans faille, des
commentaires des lecteurs. Nos voix amplifiées, enregistrées. Des caméras,
nos voix écoutées, réclamées. Des rencontres. La représentation. Les
flashs. Il y a la lumière qui fait plisser les yeux, il y a la multitude.
La multitude. Comme un ventre dans lequel on nous a découpé une porte. Et
une porte majestueuse il faut dire.
J'ai été infiniment heureuse quand j'ai compris que ce moment qui avait
failli ne jamais arriver était bien là, que j'en faisais partie, par un
enchaînement magique de faits. Le temps aurait filé un peu trop vite, cette
dernière journée d'envoi des textes candidats au prix se serait déroulée
différemment, le jury aurait été autre, je n'aurais pas repensé à Vertige,
et ma silhouette se serait transformée lentement sur les pellicules, les
mots seraient restés riches mais stériles. Il aurait suffi d'un infime
détail, et rien n'aurait eu lieu pour moi, l'instant se serait dessiné sans
mémoire. Pourtant je suis là sur cette estrade où il faut que je parle, je
suis aussi en haut de la falaise orange qui surplombe la mer, je suis là où
personne ne me voit, je suis là où personne ne me lit. Il s'agit bien des
mêmes mots, de la même personne. Alors c'est une question de quoi
finalement ? De temps ? De chance ? De talent ? De patience ?
Mais l'hypnose passée, je lève les yeux, je vois des visages souriants, des
tables dressées, des gens apprêtés, qui me regardent, avec insistance,
presque avec curiosité, qui attendent que je dise quelque chose. Il faut
parler, de ce que j'ai écrit il y a presque trois ans, de ces mots, ces
paysages, ces sons-là qui m'avaient semblé éternels et que j'avais voulu
saisir comme l'enfant veut saisir à pleines mains l'eau salée qui glisse
entre les doigts.
Cette journée s'est déroulée à une échelle différente.
Le temps avait pris une consistance différente.
Et les mots l'avaient imité en se reproduisant à l'infini sur les pages.
Ce 25 octobre, je suis heureuse. Des passionnés d'écriture tout autour de
moi. J'ai la chance d'être publiée. Du sel iodé reste au creux de la paume.
À l'imprimerie, le papier, à toute vitesse, devient une couche
imperméable. L'eau se passe de mains en mains étanches. L'enfant englouti
sous les vagues, la tempête ayant lavé la plage, l'eau s'étant évaporée,
l'instant demeure... ne serait-ce qu'un goût salé dans la bouche dont on se
souvient.
Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson, aux parents de Clara, à tous ceux
qui soutiennent ce prix. "
Clara Prieur - 7 janvier 2013
Nous vous attendons nombreux vendredi 3 mai, à partir de 17 h 30 à la
librairie.
Préambulement votre
- lauréate du "Prix de la nouvelle ados" -
le vendredi 3 mai, 17 h 30, à la Librairie Préambule
La librairie Préambule est très heureuse d'accueillir Clara Prieur pour une rencontre lecture signature en compagnie de certains élèves du collège des Gorguettes. Déjà lauréate du prix des collégiens du Printemps du livre, Clara Prieur poursuit son aventure littéraire avec une très belle nouvelle titré "Vertige", prix Clara - Nouvelles d'ados, publiée aux éditions Héloïse d'Ormesson. Ce prix, créé en mémoire d'une adolescente décédée subitement, est destiné
aux adolescents qui aiment lire et écrire. Il est décerné par un jury présidé par Eric Orsenna, et sa vocation est caritative, les bénéfices des ventes étant reversés à l'hôpital Necker - enfants malades.
Présentation de Clara par Clara :
" Je m'appelle Clara. Ma mère , pianiste, passionnée par la vie de Robert Schumann, m'a donné ce prénom il y a dix-sept ans. Belle coïncidence pour rendre hommage à celle à qui nous dédions nos nouvelles. J'ai commencé à écrire dès que j'ai su tracer les lettres. D'abord des histoire que je racontais à mes petites soeurs le soir, puis des nouvelles rassemblées dans un recueil intitulé "Instants (en)volés" et "Vertige", achevée à quinze ans, dont voici une version. Un vertige qui pourrait être une rêverie , un parfum iodé et enivrant, un roman "impressionniste" dont les mots dessineraient un paysage en pointillé. J'écris en musique, je danse depuis toute petite, maintenant dans une compagnie, je fais du théâtre et viens de finir le conservatoire de piano. Mais toutes ces activités sont une manière d' "exprimer" , comme si je pouvais écrire avec mon corps, mes doigts, ma voix.
Les mots sont un aboutissements. J'ai besoin de retranscrire tout ce qui rend la sensibilité nue, à vif, semblable à celle d'un enfant.
La tension de la danse dans le corps. La vapeur asphyxiante du silence. Une expression furtive sur un visage comme un mirage. La musique dans laquelle je baigne depuis toujours. Le vent déchaîné et la mer auprès desquels j'ai toujours vécu. Tout ce dont l'intensité me saisit, puissante à en donner le vertige. "
Témoignage de Clara à l'issu de la remise du prix :
" Que toujours perdure le vertige..."
" Je crois que mes chers co-lauréats ont raconté à merveille les événements
de cette mémorable journée du 25 octobre 2012, et de cette magnifique
soirée du Prix Clara.
Bien sûr, moi aussi je voudrais dire à quel point ce moment a été
exceptionnel. Je suis tentée de multiplier les adjectifs : journée
grandiose, incroyable, euphorique, intense, inespérée, onirique même.
Mais pour ce qui est des faits, je pense que quasiment chaque seconde a été
détaillée de maintes façons alors, au risque de vous décevoir, je ne me
sens pas le cœur à proposer une septième version du déroulement de la
journée. Le Prix Clara a été la réalisation d'une utopie dont j'ai rêvé de
toutes mes forces pendant des années. Ce 25 octobre je l'ai vécu comme une
reconnaissance extraordinaire de ce que je fais depuis toute petite mais
aussi comme une grande chance. Grâce à ce prix nous avons pu être édités.
Et lorsque l'engrenage de la publication s'est mis en œuvre en incluant mon
texte j'ai réalisé à quel point cela faisait une différence indélébile, un
« avant-après » à la fois magique et paradoxal. Les mots que j'ai écrits
sont les mêmes qu'ils soient lus par ma famille ou par des milliers de
personnes, pourtant il y a un monde entre ces deux types de mots. Entre eux
il y a le format adoré du livre bleu et vert du Prix Clara 2012. Les
dorures au milieu desquelles se détache le sourire de mes sœurs et de ma
mère. Nos visages immortalisés. La trajectoire inexorable, sans faille, des
commentaires des lecteurs. Nos voix amplifiées, enregistrées. Des caméras,
nos voix écoutées, réclamées. Des rencontres. La représentation. Les
flashs. Il y a la lumière qui fait plisser les yeux, il y a la multitude.
La multitude. Comme un ventre dans lequel on nous a découpé une porte. Et
une porte majestueuse il faut dire.
J'ai été infiniment heureuse quand j'ai compris que ce moment qui avait
failli ne jamais arriver était bien là, que j'en faisais partie, par un
enchaînement magique de faits. Le temps aurait filé un peu trop vite, cette
dernière journée d'envoi des textes candidats au prix se serait déroulée
différemment, le jury aurait été autre, je n'aurais pas repensé à Vertige,
et ma silhouette se serait transformée lentement sur les pellicules, les
mots seraient restés riches mais stériles. Il aurait suffi d'un infime
détail, et rien n'aurait eu lieu pour moi, l'instant se serait dessiné sans
mémoire. Pourtant je suis là sur cette estrade où il faut que je parle, je
suis aussi en haut de la falaise orange qui surplombe la mer, je suis là où
personne ne me voit, je suis là où personne ne me lit. Il s'agit bien des
mêmes mots, de la même personne. Alors c'est une question de quoi
finalement ? De temps ? De chance ? De talent ? De patience ?
Mais l'hypnose passée, je lève les yeux, je vois des visages souriants, des
tables dressées, des gens apprêtés, qui me regardent, avec insistance,
presque avec curiosité, qui attendent que je dise quelque chose. Il faut
parler, de ce que j'ai écrit il y a presque trois ans, de ces mots, ces
paysages, ces sons-là qui m'avaient semblé éternels et que j'avais voulu
saisir comme l'enfant veut saisir à pleines mains l'eau salée qui glisse
entre les doigts.
Cette journée s'est déroulée à une échelle différente.
Le temps avait pris une consistance différente.
Et les mots l'avaient imité en se reproduisant à l'infini sur les pages.
Ce 25 octobre, je suis heureuse. Des passionnés d'écriture tout autour de
moi. J'ai la chance d'être publiée. Du sel iodé reste au creux de la paume.
À l'imprimerie, le papier, à toute vitesse, devient une couche
imperméable. L'eau se passe de mains en mains étanches. L'enfant englouti
sous les vagues, la tempête ayant lavé la plage, l'eau s'étant évaporée,
l'instant demeure... ne serait-ce qu'un goût salé dans la bouche dont on se
souvient.
Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson, aux parents de Clara, à tous ceux
qui soutiennent ce prix. "
Clara Prieur - 7 janvier 2013
Nous vous attendons nombreux vendredi 3 mai, à partir de 17 h 30 à la
librairie.
Préambulement votre
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