lundi 17 septembre 2012

Rencontre avec Serge Koster

La Librairie Préambule a le plaisir de recevoir l'écrivain Serge  Koster mercredi 19 septembre à partir de 11 h. Bien connu des fidèles du Printemps du livre pour ses animations savoureuses, Serge Koster est aussi l’auteur de nombreux ouvrages (essais et romans), dont le dernier, "Je ne mourrai pas tout entier" (Éditions Léo Scheer - 2012) s'apparente à une sorte de livre testament, des fragments, des méditations, des souvenirs... la vie d'un homme de lettres.

Une citation :
"D'où me vient le goût d'écrire ? De l'enfance. De l'insuffisance du sentiment d'exister. De la pénurie de caresses. Mais encore, d'où vous vient le goût d'écrire ? Du désir de naître, de se faire connaître, reconnaître, renaître, être né. Et de ne pas mourir tout entier."

Une critique de Jérome Garcin :
Grâce à Léautaud, il s'est révélé sur le tard. La preuve avec ce nouveau recueil de souvenirs où Serge Koster, 72 ans, continue d'écrire sous le manteau élimé du vieux diariste de Fontenay-aux-Roses. Qu'importe à ce juif d'origine polonaise que Léautaud eût été judéophobe: sa dette à son égard est plus forte que les reproches dont il pourrait l'accabler. Sans l'auteur atrabilaire du «Journal littéraire», jamais l'austère Koster n'aurait osé se mettre à nu, se préférer, se mal aimer, avouer sa vanité, abandonner la fiction pour l'égotisme, faire la liste de toutes ses maladies (dont une fistule anale), exprimer son amertume d'être méconnu, peu lu et très pilonné, reconnaître avoir écrit quelques livres «inconsistants», 
vitupérer le milieu littéraire qui l'a souvent négligé, ou donner les noms de ceux avec qui, pour des vétilles et le goût de se fâcher, il s'est brouillé.
Mais la gratitude dont ce livre est plein va bien au-delà de Léautaud. Ici, Koster glorifie la femme de sa vie, la France qui a accueilli ses parents en fuite, les paysans sarthois qui l'ont caché pendant la guerre, son père spirituel Francis Ponge, Claude Lanzmann - «L'avoir connu est un cadeau du destin» -, ou encore Michel Tournier, avec lequel il s'est réconcilié en buvant un monaco. Impossible de ne pas être ému par ce récit d'un écorché vif calmé par la grammaire, d'un fils d'apatrides dont la littérature a été la seule patrie.

Un  témoignage de David Foenkinos :
Je n'avais jamais lu ses romans, ses essais, ses articles. Je l'ai rencontré il y a peu au Printemps du livre de Cassis, puisqu'il anime une fois par an, et depuis 25 ans, les débats de cette manifestation culturelle. « Mon ultime activité publique » dit-il dans son livre. Avec Antoine Spire, ils forment un duo étonnant. Avec l'auteur entre eux, ça prend vite fait la forme d'un hot-dog. On ne sait plus très bien s'il faut tourner la tête à gauche ou à droite. Mais bon, depuis le temps, ils maîtrisent le voyage.  
Serge Koster m'a touché. C'est difficile de savoir pourquoi quelqu'un vous touche finalement. C'est un ensemble de choses assez intimes et qui ne s'écrivent pas. Je l'ai vu assez peu. Quelques bribes de conversation. Il a parlé d'un voyage à New York avec sa femme ; avec un petit sourire mignon, il a dit : « on voyage peu, mais là on s'est fait plaisir ». Ne serait-ce que pour ça, j'ai eu envie de lire son livre. ça commence par l'évocation de ses funérailles. On pourrait imaginer une entrée en matière plus joyeuse, et pourtant, tout à son image, elle est légère et désinvolte comme les musiques choisies. Pour sa mort, il veut du jazz. Rien d'étonnant, il écrit comme les artistes de chez Blue Note. J'ai fait des études de Jazz, alors je me reconnais d'entrée des goûts communs avec cet homme. Ce n'est que le début, tout le livre fut pour moi une succession d'étrangetés et de correspondances. On dit parfois quand on a aimé un livre : « ah j'aurais aimé l'écrire ». Moi, son livre, je crois que j'aurais aimé l'écrire dans quarante ans. Il est l'avenir de ma vie littéraire. Je l'ai déjà lu deux fois. Il m'a fasciné par sa beauté, son élégance, sa pudeur. Page 26, il écrit : « Peut-être suis-je en train d'écrire, encore une fois, un texte sacrifié, sans destin qu'une minorité de lecteurs ». Il n'a pas eu tort. Je n'ai pas l'impression que beaucoup ont parlé de ce texte. Je ne sais pas vous, mais moi ça me touche profondément cette façon d'évoquer un texte sacrifié, alors chaque ligne bat de la densité la plus totale d'un homme. Ce que j'aime, c'est l'absence absolue d'aigreur, d'apitoiement, comme une beauté à la désinvolture que les années nous ont obligés à endosser.  
Le livre fourmille d'anecdotes sur Michel Tournier, Francis Ponge, ou encore Bernard Giraudeau. Les soirées avec Françoise Verny valent aussi le détour. On y lit les belles rencontres, les espoirs d'une grande vie littéraire, les déceptions aussi, les ambitions avortées. C'est le roman de la vie littéraire. Avec, toujours cette question : que reste-t-il ? Sûrement, les pages les plus émouvantes sont sur les vieillards croisés au cours de son existence. Les fins de vie de Jean Dessailly, Claude Roy ou encore Jean Dutourd (tiens encore un point commun, j'avais raconté dans ce blog ma rencontre avec Dutourd...). C'est une question à laquelle je ne cesse de penser. J'ai eu parfois l'impression en lisant ce livre que Serge Koster m'aidait à formuler la confusion de certains de mes sentiments.   Et puis au cœur de son livre, il y a d'une manière incessante, le refrain inépuisable : « la femme de ma vie ». Beaucoup de beauté à ne cesser de mentionner l'acolyte de cette traversée. Je me suis toujours amusé de cette expression : « la femme de ma vie » qu'on prononce lors d'une belle rencontre. Mais là, après cinquante ans passés ensemble, on peut vraiment dire qu'il s'agit de la femme de sa vie. Le soir, ils aiment lire et échanger leurs impression : « Souvent je m'interromps, m'allonge, ferme les yeux, étends le bras vers son flanc, demeure immobile, savourant derechef le sentiment de l'existence à l'état pur, dans le calme murmure du cosmos, en harmonie avec l'univers, tout à son plan, qui est de nous réunir pour l'entièreté du temps où nous serons. A cet instant, la certitude de notre inscription dans le non-être me laisse incrédule. »

Voilà, alors nous vous attendons nombreux mercredi, pour découvrir son livre.
Amicalement votre
Préambule


Signature mercredi 19 septembre 2012, de 11 h à 13 h, à la librairie Préambule, 8  rue Pierre Eydin - Cassis.
Rens. : 04 42 01 30 83

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