mardi 17 septembre 2013

Panini Comics (Septembre 2013) : Iron Man 3, Age of Ultron 1

Suite de nos critiques mensuelles des revues Panini avec Iron Man, et en vedette, le nouvel event de Marvel : Age of Ultron.

IRON MAN 3


Iron Man (vol 5) #4-5 : Kieron Gillen/Greg Land

C’est encore double dose ce mois-ci pour l’homme de fer. Kieron Gillen clôture son arc sur le programme Extremis. Depuis deux numéros Tony Stark est en goguette pour récupérer le dit-programme et régler son compte aux spécimens humains infectés. Comme il l’annonce lui-même, si des psychopathes du calibre de Fatalis ou Crâne Rouge mettaient la main sur Extremis, autant leur couper l’herbe sous le pied. Ces épisodes qui s’apprécient comme des one-shots sont autant de variations d’ambiances et de contextes pour notre écrivain sautillant. Si vous aimez les catacombes et Lovecraft, le #4 est fait pour vous. Si vous ne jurez que par les intrigues d’astronautes, vous aimerez le #5. Mais si vous n’êtes pas emballé par ce que fait Gillen sur Iron Man (comme moi), vous risquez de sévèrement vous ennuyer. Au contraire de Young Avengers, je trouve que l’humour de l’écrivain sur Iron Man tombe souvent à plat. Idem pour la caractérisation de Stark en milliardaire égocentrique et irresponsable, qui pourrait être dans le ton si Gillen ne donnait dans l’outrance et le surjeu perpétuel. Personnellement, la succession de fanfaronnades m’agace d’autant que l’action se fait rare. Ce n’est pas en empilant les pires clichés et les types d’armures que l’on va me convertir au personnage. Seul l’ouverture finale me fait espérer en un futur, sinon radieux, au moins original (et raccord avec le reste du magazine) pour le titre. Niveau artistique, je serai tout aussi sévère avec le travail de Greg Land. Quand le bourrinage mecha brille par son absence chez Iron Man, qu’est ce qu’il nous reste ? Une version métrosexuelle tout en sourire bright de Tony Stark. Autant dire que c’est largement insatisfaisant.

Guardians of the Galaxy (vol 3) #2 : Brian Michael Bendis/Steve McNiven/Sarah Pichelli

 C’est un des transferts de l’année dans le championnat Marvel NOW, mais le moins que l’on puisse c’est que l’équipe des Gardiens de la Galaxie ne va pas se plaindre de l’arrivée de la star Bendis. La nouvelle direction prise est toujours aussi intéressante et ce n’est pas ce nouvel épisode qui frise la perfection qui va me démentir. Si l’action démesurée faisait la force du cosmique des Giffen, Abnett et Lanning, Bendis a décidé d’affiner le monde impitoyable de la galaxie. Que le lecteur se rassure, l’action domine toujours dans la série et l’on dévore littéralement l’affrontement des GOG et des forces d’invasion Badoon. Le découpage est parfait, le rythme est trépidant, les dialogues savoureux. Mais là où l’épisode marque indéniablement des points, c’est dans la description des enjeux intergalactiques. Il restait quelque part une zone d’ombre dans la continuité Marvel, à savoir pourquoi toutes les races et autres entités peuplant l’univers en veulent autant à notre planète. Ce géocentrisme a d’autant plus de quoi surprendre alors que la Terre est toujours divisée et ne constitue pas en soi une menace impérialiste a contrario des Kree et autres Shi’ar. C’est un petit peu le sujet de la réunion que convoque le roi de Spartax. Les réponses que donnent alors Bendis sont satisfaisantes en appuyant sur le caractère chaotique, imprévisible, perturbateur de la race humaine. Conséquence : loi spatiale de neutralité sur la Terre qui devient une zone de non-intervention. Un statu quo qui ne saurait toutefois guère durer, que ce soit au regard des ambitions des grands peuples cités ou encore des propres actions de nos Gardiens toujours aussi réfractaires à l’autorité, fût-elle interstellaire. Tout ceci est donc de très bon augure pour le futur de la série. Si en plus McNiven et Pichelli se surpassent au dessin, on s’incline et on profite à fond de cette nouvelle version du cosmique.

Nova (vol 5) #3 : Jeph Loeb/Ed McGuiness

Preuve que le cosmique se porte bien chez Marvel, Nova continue sur sa très bonne lancée, et l’on prend toujours autant de plaisir à suivre le jeune Samuel qui découvre ses nouveaux pouvoirs. Si l’on a l’âme pinailleuse, on pourrait dire que Jeph Loeb n’est pas très original et enquille les passages obligés. Mais si l’on est honnête, il faut avouer qu’il s’en sort à merveille. Au menu de ce numéro : une scène très amusante entre Nova et le Gardien (dont on apprend qu’il peut sourire, ce n’est pas rien), mais aussi un entraînement musclé avec Rocket Racoon et Gamorra, et une première mission spatiale pas piquée des hannetons qui se conclut sur un cliffangher qui a de quoi faire frémir. Loeb est toujours aussi à l’aise pour se mettre dans la peau d’un adolescent et concocte ce même coktail gagnant entre innocence de la jeunesse et sérieux des enjeux exposés. Rien à dire non plus sur son vieux compère aux dessins, sinon que McGuiness est très inspiré et parvient à nous faire décoller aux côtés de Nova. Mission accomplie donc.

Fantastic Four (vol 4) #3 : Matt Fraction/Mark Bagley

Matt Fraction a décidé d’enlever le frein à main et envoie enfin la famille Richards dans l’espace. L’ensemble du numéro est donc consacrée à la première aventure temporelle des 4 Fantastiques. Ce n’est pas désagréable, l’idée de planète-leurre est plutôt bonne, l’action est au rendez-vous, l’imagerie des pionniers est bien retranscrite, bref on ne baille pas trop à la lecture, ce qui serait presque un exploit vu les standards fractioniens. Par contre difficile de se prononcer sur la qualité globale de l’arc vu qu’il faudra attendre un bon paquet de revues avant d’avoir une idée plus objective sur la vision de l’écrivain. Aux dessins, Mark Bagley fait le job, ni plus ni moins, c’est pas mal sans être transcendant.

Bilan de la revue : mon constat est peu ou prou le même que le mois dernier. Iron Man m’énerve, les deux séries cosmiques me passionnent. Reste les Fantastic Four, à mon avis le facteur X de cette revue.


AGE OF ULTRON 1


Drôle de destinée qu’aura connue ce nouvel event Marvel. Arrivé sur la pointe des pieds, teasé par le bout des doigts comme si l’éditeur américain avait honte de son blockbuster, misant plutôt sur l’estival Infinity, Age of Ultron ne partait donc pas sous les meilleurs auspices. Il faut aussi resituer la conception d’Age of Ultron, annoncé quelques mois après le lancement de Marvel NOW sans clairement se positionner dans la continuité puisqu’aucune série estampillée NOW n’avait sinon préparé, du moins fait office de prologue. Des symptômes inquiétants puisque Marvel nous avait jusqu’ici habitué à la grande pompe promotionnelle. Pourtant sur le papier, rien que l’équipe annoncée a de quoi faire frémir. Vieux routier de l’event, c’est Bendis qui est à la manœuvre. Rien d’extraordinaire a priori, mais au moment où Age of Ultron sort, l’écrivain chauve est au sommet de son art et toutes (je dis bien toutes) ses séries du moment sont des hits (Ultimate Spiderman, Uncanny X-Men, All-New X-Men et Guardian of the Galaxy). Mais surtout, c’est le retour aux grandes affaires d’un Bryan Hitch qui se faisait depuis quelques temps désirer. On ne peut pas dire que le génial dessinateur se soit trop foulé lors de ses dernières collaborations faisant donc d’Age of Ultron  le coup de fouet dont il avait besoin.
Je vous épargnerai un long discours sur les events, qui ont surtout le don de décevoir un lectorat qui attend peut-être trop de ces grandes productions. Rappelons donc simplement que ce type de récit doit rompre avec la routine super-héroïque et vous en mettre plein la tronche le temps d’une histoire qui sort du commun. Vérifions donc si Age of Ultron remplit (le début de) son contrat.

Age of Ultron #1 : Brian Michael Bendis/Bryan Hitch

Point de suspense superflu, Bendis signe à mon avis un premier numéro qui tutoie la perfection. Dès la première double-page l’ambiance d’Age of Ultron est posée. La vue panoramique sur des immeubles en ruine surplombé par les réacteurs d’un immense vaisseau spatial agit comme une immersion immédiate dans l’univers post-apocalyptique de l’event. Pour ceux qui s’intéressent aux séries mutantes, le genre du post-apocalyptique sur fond de résistance à une autorité totalitaire et oppressante n’est pas si originale. Remender avait ramené X-Force dans l’âge d’Apocalypse, dont Lapham avait tiré un spin-off du même nom. Cependant Bendis prend à contre-pied le script et le style de Remender et se situe dans un registre auquel il ne nous avait guère habitués. Dans ses plus grands runs (citons notamment Daredevil, Ultimate Spiderman), l’écrivain s’impose par un art magistral du dialogue par lequel il travaille en profondeur les personnages qu’il aime. Selon les standards de Bendis, ce premier numéro est finalement peu bavard et la plupart des lignes de dialogues tiennent plus du cri, d’une extériorisation émotionnelle bien loin des discours léchés qu’il affectionne tant. Bendis fait ainsi entièrement confiance aux images qu’il invoque et à la puissance symbolique qui s’en dégage. Les moments de bravoure s’imposent à nos yeux, que ce soit cette incroyable séquence de sauvetage de Spiderman, l’arrivée de l’armée d’Ultron tels les anges noirs semant destruction et désespoir. Que dire de cette image bouleversante qui clôture le #1 et qui démontre qu’un plan bien pensé peut aisément supplanter la meilleure des argumentations. Si je vante à ce point l’impact visuel de l’épisode, c’est que l’artistique est à un très haut niveau. Oui, réjouissons-nous du retour de Bryan Hitch. Certes, cela n’atteint pas les plus belles pages d’Ultimates, voire de The Authority (à supposer qu’Hitch retrouve un jour ce niveau), mais dieu que cela reste beau et sombre. Que ce soit dans les paysages décharnés ou dans les corps maltraités de nos héros, le dessinateur est inspiré, cela se sent et impacte le plaisir de lecture.

Age of Ultron #2 : Brian Michael Bendis/Bryan Hitch

Après une telle introduction, la suite risque forcément de décevoir. S’il n’atteint pas la même intensité (mais peut-il en être autrement), cet épisode reste toutefois d’excellente facture. Bendis poursuit plusieurs pistes, qui sont payantes. Tout d’abord il insiste sur un duo de survivants en la personne de Black Widow et Moon Knight. En investissant une ancienne planque de Nick Fury, l’écrivain assure ainsi un passage de témoin symbolique qui est bien pensé, tout en contrepoint de la bad ass attitude d’un  Hawkeye particulièrement jouissif. Il faut d’ailleurs constater que dans Age of Ultron, Bendis met en avant ses personnages préférés, à savoir les héros urbains généralement dénués de très (trop) grands pouvoirs, et qui sont in fine les meilleurs représentations du courage et du dépassement de soi, en somme les avatars les plus crédibles de la résistance humaine. L’event se déplace ensuite dans l’underground New-Yorkais autour du debriefing de Spiderman. L’artifice narratif est là encore efficace puisqu’il permet de faire assez rapidement le lien entre la continuité de Marvel NOW et Age of Ultron et de comprendre comment on en est arrivé là. Un petit mot sur la conclusion de ce #2, qui répond directement à celle du #1. Renversement d’image et donc de symbolique, qui paradoxalement arrive peut-être un peu trop vite. Les blessures physiques ou mentales auraient pu perdurer un poil plus longtemps pour souligner l’atterrement ou le découragement de certains personnages suite au soulèvement de la Machine. Un petit mot sur la livrée de Bryan Hitch. Dans la lignée du premier numéro, cela reste beau, avec de très belles pages, en particulier ce panorama qui magnifie la première offensive d’Ultron sur Manhattan.  


Bilan de la revue : après deux numéros pour le moins réussis, je ne peux que conseiller la lecture d’Age of Ultron. Voilà un event qui pour l’instant séduit par son ambiance doucement désespérée, le choix des héros mis en avant, et les promesses que l’on est désormais en droit d’attendre. Ah, si seulement on pouvait avoir plus de pages pour 4,10 euros… 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire