jeudi 14 novembre 2013

Panini Comics (Novembre 2013) : Avengers 5 et Avengers Universe 5

Allez, on revient ce mois-ci avec de nouveaux bilans comics. Comme à notre habitude, place aux séries Avengers. 


AVENGERS 5


Avengers (vol 5) #9-10 : Jonathan Hickman/Dustin Weaver/Mike Deodato

Deux épisodes typiquement Hickmaniens ouvrent le magazine. On retrouve en effet tous les ingrédients caractéristiques de sa plume : il brode avec ses nouvelles créations, recoupe les éléments qu’il avait posé dans les premiers numéros (les fameux sites de contanimation) et fournit un certain nombre de scènes d’action plutôt bien composées. On est cependant en droit de pinailler. Les numéros sont en soi de bonne qualité, du moins on les lit bien. Mais le rythme hickmanien reprend ses droits : on n’avance guère et on rajoute une bonne dose de mystères. L’épisode 10 est symptomatique de la chose : on commence sur les chapeaux de roue avec une mission en péril superbement narrée, et on conclut sur des secrets inavouables autour d’un personnage de l’Omega Flight tout en suggérant des dissensions entre le Shield et les Avengers. Bref, du bon cliffangher en soi, mais à force d’avoir le même genre de surenchères numéro après numéro, on commence à fatiguer. On sent qu’Hickman a envie de composer quelque chose d’épique, de titanesque pour ses Avengers, mais attention à la chute (au propre comme au figuré). Un mot sur les dessins. Je suis toujours aussi peu convaincu par le trait de Dustin Weaver. Des visages (heum !) pas tip top, un côté Romita Jr pour le manque de détail. Du coup on s’émerveille devant les planches de Mike Deodato qui prend la relève. Bon le bougre n’a pas forcément besoin de ce contraste pour apparaître plus talentueux qu’il ne l’est déjà. En tout cas moi je suis chaque fois aux anges quand je goûte son travail. Une pure merveille.

New Avengers (vol 3) #5 : Jonathan Hickman/Steve Epting

Je ne sais pas si c’est la faim ou Hickman qui m’a fait bailler pendant tout l’épisode. Autant dire que je n’ai pas été transcendé par ce nouvel épisode, une première il me semble depuis le relaunch du titre. Ici, c’est très bavard mais trop perché pour mon goût. Hickman veut créer de nouvelles cosmogonies pour Marvel, mais n’est pas Kirby ou Ditko qui veut, et son développement autour du mulitvers et de ses sortes de Parques cosmiques est assez mal foutu. Et puis le récit n’avance pas, mais vraiment pas. Ah si, les héros ont maintenant un bidule pour détecter les incursions multiversiques, et comme par hasard le hasard, la prochaine a lieu en Latvérie. Ils ont vraiment pas de cul ces Avengers. Au dessin, Epting est irréprochable, c’est toujours ça de pris.

Secret Avengers (vol 2) #5 : Nick Spencer/Luke Ross

La lecture « foutage du gueule » du magazine. Et ça commence fort avec un dialogue entre Hawkeye et Black Widow. C’est flemmard avec cette répétition presque indécente du background (et ouais les soldats du Shield tu leur dis de pas bouger, ils bougent pas, si ça c’est pas de la discipline …). Mais en plus c’est lourd avec un débat moral vieux comme Stan Lee (si tu tues t’es méchant/Ouais mais quand on tue les méchants ben tu restes gentil), qui aurait pu être expédié en deux coups de cuillère à pot mais qui vient polluer la moitié de l’épisode. Il y a quand même de l’action genre Tom Clancy avec une mission d’espionnage qui foire et un gros cliff à la Ian Flemming (ahahah j’étais pas mort). Cela amusera les amateurs, pas moi, d’autant que je ne me remets toujours pas du coup de la directrice du Shield qui avait 19 ans. Enfin, là encore, les amateurs apprécieront, pas moi. Aux dessins, Luke Ross fait ce qu’il sait faire. Les amateurs, blablabla.

Young Avengers (vol 2) #5 : Kieron Gillen/Jamie McKelvie/Mike Norton

L’instant fraîcheur par Kieron Gillen. Un grand moment de comics réjouissant. La série est montée crescendo pour se conclure dans un final qui remplit toutes ses promesses. C’est parfaitement rythmé, les dialogues sont percutants et drôles (Gillen est un génie avec Loki), l’action se muscle au moment adéquat. On apprécie a posteriori ce premier arc comme une brillante introduction sur la reconstitution d’une team (dissoute après Children’s Crusade si je ne m’abuse), la réaffirmation de l’héroïsme chez certains et, bien sûr, sur les nouveaux protagonistes qui vont composer la team. Bref, longue vie à ces Young Avengers dont l’avenir est on ne plus radieux. Les dessins sont au niveau de l’écriture. A force de voir le boulot de la paire McKelvie/Norton on s’habitue à ce trait (une sorte de Steve Dillon du riche). C’est dynamique quand il le faut, et j’accorderai une mention spéciale aux moues des personnages qui épicent les effets humoristiques de l’écriture.

Bilan de la revue : C’est certainement pas le meilleur mois de la revue Avengers. Loin de là. On pouvait s’y attendre avec Hickman qui a parfois besoin d’étirer ses récits. Ce qui serait un avantage en recueil est par contre rébarbatif à la lecture périodique. Reste Gillen et ses Young Avengers qui volent la vedette à leurs aînés.

AVENGERS UNIVERSE 5


Avengers Assemble #14 : Al Ewing/Jackson Guice

Tie-in Age of Ultron. Pour l’occasion DeCommick cède la place à Al Ewing (qu’il me semble découvrir) et ce n’est pas plus mal. Pour ceux qui vont découvrir l’exercice du tie-in (et vous en avez de la chance) vous allez vite comprendre quelles sont les contraintes qui le cadrent. Si je devais être mauvaise langue, je dirais que vous allez avoir droit au mieux à du brassage efficace et relativement vain, au pire, des purges illisibles parce que l’on a forcé un scénariste à interrompre son propre récit pour coller à l’event du moment. Clairement ce numéro se place dans la première catégorie. Je m’interroge sur les velléités artistiques qui sous-tendent ce tie-in et je vois bien Marvel expliquer à l’ami Ewing « Bon, écoute, il faut capitaliser sur Age of Ultron. Au début on savait pas trop quoi foutre avec, mais en fait le chauve est plutôt en forme. Donc tu oublies Avengers Assemble, tu te fiches de la continuité, et tu me ponds un truc sur Ultron. T’as deux jours ». Et c’est ce que fait l’écrivain. Unité de personnage (Black Widow), Unité de lieu (San Francisco) et Unité de temps (l’attaque d’Ultron), Ewing connaît ses codes et déroule un récit sympatoche. Le numéro entend saisir tout le chaos provoqué à l’instant T du Judgement Day. Cela n’est pas exceptionnel, c’est plutôt convenu et prévisible mais c’est honnêtement réalisé tout en comblant un des trous de l’event (mais comment Black Widow est en venue à collaborer avec Moon Knight). Aux dessins, ce n’est pas vilain. C’est en-deçà de ce que faisaient les prédécesseurs de Guice, mais cela reste dans la norme. A noter tout de même une dernière page très comics dans l’esprit, et qui fait son effet. 

Thor God of Thunder #5 : Jason Aaron/Esad Ribic

On continue avec le chef d’œuvre de Jason Aaron. C’est toujours la même rengaine, mais est-ce de ma faute si l’écrivain enchaîne les épisodes réussis les uns après les autres ? Dans le numéro du jour, on avance piano ma sano. Aaron étoffe sa cosmogonie, et on voit que le bonhomme est bien plus à l’aise avec la mythologie que ne l’est Hickman. Il faut dire que le polythéisme remanié est bien moins casse-gueule que le scientifico-métaphysique, et que les références mythiques sont plutôt bien réinterprétées. Rassurez-vous, cela reste du Thor, et l’action est toujours aussi divine et épique. Tout ce beau monde se poutre allègrement dans le passé, le présent et le futur. Aaron démêle d’ailleurs sa pelote temporelle en organisant la rencontre entre deux Thor. Les voies de l’écrivain sont encore impénétrables, mais l’avenir reste réjouissant. Ribic est encore au sommet de sa forme et c’est un régal permanent pour les mirettes.

Indestructible Hulk #5 : Mark Waid/Leinil Francis Yu

J’avoue être un fanboy primaire de Hulk. Etre un fanboy irrécupérable c’est souvent vivre sa lecture dans un ascenseur émotionnel. Vous êtes en permanence balloté entre le « Waouou c’est génial » et le « C’est de la merde, Brûler X (auteur de la chose) ». Depuis le début j’adhère au projet de Waid sur son Hulk, et même si je suis sûr que certains ne manqueront pas de souligner le classicisme de l’épisode du jour, je dois admettre que « Waouou c’est génial ». Et pourtant j’admets volontiers que Waid ne prend pas trop de risques avec son arc. Cela reste du gentil atlante contre méchant atlante, avec le gentil Hulk qui vient aider les gentils atlantes. Ajoutez le fait que Hulk emballe la « non-humaine mais non moins attrayante donzelle de la civilisation mise en avant», que Banner apporte son explication scientifico-foireuse (on m’avait jamais fait le coup de l’alchimie quantique, tellement new-age dans la formulation), et du bon gros bourrinage made in gamma, et tadam, voilà le #5. Mais cela fonctionne à mort. On glisse plus que l’on ne lit, porté par le courant narratif d’un Waid qui sait parfaitement rythmer son récit. Bref, ça parle quand on a besoin que ça parle, c’est assez drôle (la blague sur Pym m’a fait sourire, quel taunter ce Banner), et ça tape quand ça doit taper (je vous recommande l’étranglement par gosier interposé, ça aussi c’est de l’inédit pour moi). Il faut dire aussi que Waid est accompagné d’un Yu stratosphérique. Bon, ok là il dessine de l’aquatique, mais il le fait tellement bien… Je me suis surpris à rêver d’un Aquaman par Johns avec le Leinil au pinceau. Cela n’arrivera jamais (soupir déçu), mais c’est vous dire à quel point c’est beau.

                                                                                                                                                                    Captain America (vol 7) #4 : Rick Remender/John Romita Jr

Remender lâche de plus en plus de billes dans son Captain et c’est ce qu’il fallait faire. Rompre avec autant de brutalité avec l’univers de Brubaker impliquait selon moi aussi de ne pas trop nous noyer dans la dimension Z. L’univers est tellement en décalage avec la Terre (une sorte de trip horrifico-SF) qu’il fallait tout de même rebâtir des ponts entre les deux. Jusqu’ici les flashbacks faisaient office de liens, mais cette fois, Remender dévoile les grandes lignes du plan de retour, mais aussi les enjeux réels de son arc (autres que le pur survivalisme). Nous en apprenons beaucoup plus sur l’ombre menaçante de Zola, et sur les relations entre ce même Zola et le couple Rogers/Ian. Comme souvent chez Remender, l’écriture est très convaincante : la relation filiale, la pureté et l’innocence de l’enfance, l’humour aussi. Les flashbacks sont toujours aussi réussis, bref un très bon moment de lecture. Je n’ai pas envie d’être trop redondant sur Romita Jr. C’est toujours aussi peu détaillé, mais très dynamique avec une colorisation à mon avis à côté de la plaque.

Fearless Defenders #4 : Cullen Bunn/Will Slinney

Ah ce pauvre Cullen Bunn et son casting féminin dont il ne sait pas trop quoi faire. La série est indéniablement sympathique (c'est toujours ça...), mais tellement anecdotique. Un détail dans le numéro est révélateur avec cette case « les méchants ». Un trait d’humour certes, de l’autodérision d’accord. Sauf que c’est au lecteur, à nous les habitués de faire cette pirouette dans nos têtes. L’auteur torpille ses propres codes et nous invite à prendre au second degré ce qu’il nous expose. Et bien pas de problème Cullen, c’est ce que l’on va faire. Attention spoiler inutile : la série ne va faire long feu, mais fallait-il sans étonner ?

Bilan : Trois séries solo au top, un tie-in honnête et … Fearless Defenders. Pas de doute, nous sommes bien dans Avengers Universe. Indispensable, comme d’habitude.

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