lundi 18 juin 2012

Critique Wonder Woman #7-8 et Catwoman #7-8

Malgré l'évident retard que j'ai pris dans la chronique des dernières parutions vo de DC Comics, je voulais tout de même revenir sur les séries que je suis, d'autant que les deux héroïnes du jour, que ce soit Wonder Woman ou Catwoman, connaissent depuis quelques numéros des changements sensibles, qui ouvrent de nouvelles directions pour l'avenir des deux titres éponymes. Le lecteur vf ne sera en outre pas forcément perdu puisque le mois dernier Urban Comics publiait en librairie les six premiers numéros des deux séries.

Wonder Woman #7-8


Commençons par la belle et puissante amazone. Nous l'avions quittée sur une fin d'arc relativement amère, puisque après s'être décarcassée à sauver une humaine, perdre un être cher, découvrir ses véritables origines, monter un imbroglio politique pour neutraliser les plus puissants des dieux du Panthéon grec, elle se fait souffler in extremis Zola, enceinte de Zeus, et de fait, un enjeu de premier plan pour les divinités. Dans les deux numéros que nous propose Azzarello, force est de constater qu'on ne lambine pas, et que la mission sauvetage ne tarde pas. Un numéro pour fourbir ses armes, et un autre pour débarquer en enfer dans une mission quasi-suicidaire. Azzarello garde de fait les lignes directrices de Wonder Woman version New 52 : du mythologique, du mythologique et encore du mythologique. L'occasion de présenter de nouveaux dieux, Héphaïstos et Eros, se dernier rejoignant la team full-divin de Wonder Woman. Quant au cliffangher final du #8, il confirme également la tonalité plus sombre qui anime ces deux numéros, mais il fallait ça pour coller à l'ambiance d'un voyage périlleux dans le royaume d'Hadès.

En finissant le premier arc de la série, j'avais dit que je laissais tout de même du temps pour voir où Azzarello voulait nous amener. Grand bien m'en a pris. Si le rythme est toujours aussi rapide, cela part tout de même moins dans tous les sens. Le fait que le scénariste puisse désormais se reposer sur certains éléments qu'il avait introduits auparavant renforce le sentiment que le lecteur sait où il est guidé. Le choix de ne garder qu'une trame mythologique en ignorant tout ce qui se passe dans les autres séries des New 52 est aussi payant. Avec Wonder Woman, nous sommes en présence d'un univers singulier et parfaitement identifiable. Certes, Azzarello laisse des blancs dans sa redéfinition des origines de Wonder Woman, mais peu à peu, on sent que les trous vont se combler. La série a indéniablement du potentiel. On pourrait pinailler sur le fait que Wonder Woman tient surtout de l'actionner, et que le travail psychologique sur notre héroïne tient du minimum syndical, mais le mot d'ordre reste "patience, patience", car Azzarello en garde manifestement sous le capot. 

Du côté du dessin, rien à dire. Les mêmes qualités et défauts que dans les premiers numéros. Des idées graphiques très intéressantes, des planches parfois très belles, mais le cadrage des visages reste aléatoire. Reste que le trait de Chiang est tellement identifiable qu'au final il sert bien plus qu'il ne pénalise l'atmosphère particulière de Wonder Woman. 

Catwoman #7-8 


Je serai peut-être plus court sur notre voleuse préférée. Non pas que la série soit une catastrophe, loin de là, mais il y a peut-être moins de choses à écrire là-dessus. Winick avait proposé un début assez sombre pour son héroïne, qui sautait continuellement de Charybde en Scylla. Comme on ne change pas tout à fait d'équipe qui gagne, Winick réserve un nouveau coup fourré à la pauvre Selina. Mais élément nouveau, Catwoman s'en sort sans dommage grâce à l'aide inattendu d'un jeune et fringuant comparse, Spark, dont les pouvoirs lui permettent de contrôler l'électricité. Winick abandonne donc le concept de l'héroïne solo, et l'affublant d'un side-kick relativement rebelle, propose un duo de voleurs qui s'apprêtent à s'attaquer à une des grandes figures du banditisme local. 

Clairement c'est un changement de ton pour la série. Winick lance un nouveau départ beaucoup plus léger qui est en grande partie dû à l'apparition de Spark, effaçant presque la tragédie des premiers numéros (ce qui pourrait poser quelques problèmes). Du coup Catwoman est continuellement guillerette, manifestement ravie de pouvoir contenter ses pulsions de cleptomane à plusieurs. Après tout, plus on est de fous, plus on rit. Winick n'oublie cependant pas que la série fait partie de la Bat-family, et le crossover Night of the Owls s'approchant à grands pas, il était temps de recoller à Gotham. La mention du Pingouin est loin  d'être fortuite, et mine de rien le scénariste nous amène avec talent sur le crossover, sans dénaturer ses enjeux, ses personnages. Un sans-faute sur ce point. Certes le tie-in sera court (un numéro), mais au moins il ne tombera pas comme un cheveu sur la soupe.

Du côté du dessin, du changement est à noter. Adriana Melo remplace March pour les deux numéros, et personnellement je préfère. Ne vous attendez pas à des planches différentes, puisque son dessin favorise les rondeurs de Catwoman, mais au niveau des visages, là je m'y retrouve. Je regrette presque que l'intérimaire ne soit pas prolongée, March reprenant sa place au #9. Ce ne sont pas forcément les dessins du siècle, mais ça reste au moins très correct. 

Mon ressenti sur Catwoman est un peu paradoxal. Le scénario est efficace sans être transcendant, d'autant que le contrepied adopté est total et peut choquer, les dessins sont dans la norme, mais on dévore les numéros, et on passe à chaque fois un bon moment de lecture. Franchement, que demander de plus à un comics, sinon proposer du plaisir ?

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