II Tu quoque mi fili : Skaar #1-12, Incredible Hulk #601-611
Après World War Hulk, Banner est emprisonné par le SHIELD. Pak et Hulk quittent ensemble la scène Marvel et devront patienter pendant de nombreux mois avant de fêter leurs retrouvailles. Entre-temps la Maison des Idées lance un nouveau magazine, Hulk et confie la série à Jeph Loeb. Si ce dernier a déjà travaillé sur le personnage au début des années 2000, il semble bien plus enclin à se concentrer sur son bébé, le Hulk Rouge. Une tendance qui se confirmera dans la durée avec la "déshulkisation" de Banner dans le Incredible Hulk #600. De son côté Pak, associé à son compère Fred Van Lente, entame son run sur Hercules qui a récupéré la place laissée vacante par le géant vert (Incredible Hulk devient Incredible Hercules au #112). On retrouve de la testostérone, mais le duo Pak/Lente privilégie l'humour et les débordements libidineux du demi-dieu. C'est l'occasion en outre pour Pak de mettre en avant le personnage d'Amadeus Cho, meilleur ami d'Hercules et fan numéro 1 de Hulk. Un choix compréhensible au regard de l'identification revendiquée qu'il entretient avec sa dernière création (tous deux sont Américano-Coréens).
Les ponts avec l'univers Hulk ne sont néanmoins pas coupés. Introduit dans World War Hulk #5, Skaar, fils de Caiera et de Hulk est doté d'une série régulière en août 2008. L'occasion pour Pak de renouer avec le monde impitoyable de Sakaar. La planète est moribonde et se relève difficilement de sa quasi-implosion. Les tribus sont éparpillées et soumises à la loi arbitraire des seigneurs de guerre. Des temps de crise où la nécessité d'un héros, d'un sauveur ou d'un prophète se fait d'autant plus pressante dans le coeur des Sakaariens, orphelins de la "Balafre Verte". Tel est le contexte de la naissance d'un jeune enfant, Skaar, abandonné par son père et dont les seules possibilités de communication avec sa mère se font via l'Ancienne Force, une puissante magie locale. Si son enfance est difficile, élevé parmi les barbares et les monstres, Skaar n'est pas totalement démuni. La génétique étant bien faite, il a hérité des pouvoirs de son père et de l'Ancienne Force de sa mère. Lorsqu'il se révèle au monde, ses talents guerriers et sa lignée font renaître l'espoir parmi un peuple à l'agonie. Pak aurait pu tombé dans le piège d'une simple redite de Planète Hulk. Que nenni ! Si Skaar est pour le coup un véritable Conan extra-terrestre (longs cheveux noirs et grosse épée), il ne marche pas dans les pas de son illustre père. Nourri par le ressentiment contre son géniteur et ses congénères, Skaar apparaît comme un anti-héros. Taciturne et égoïste, le fils de Hulk, loin de combler les attentes qu'il suscite, provoque la destruction finale de sa planète. Une conclusion pour le moins tragique qui confirme la tonalité sombre et désabusée de la série. Comme Skaar est expédié sur Terre, l'occasion est donné à Pak de récupérer son bien.
Pendant que Loeb se démène dans son Hulk avec ses "mystérieux mystères", pour citer Mdata de Watchtower, Marvel redonne les clés de la série historique à Greg Pak à partir de Incredible Hulk #601. Les jeux sont toutefois bouleversés. Banner est toujours "déshulkisé" et se retrouve avec un double-enjeu sur les bras : préparer le retour du géant vert dans son corps et gérer une progéniture encombrante. Les intentions de Skaar sont en effet claires, il est sur Terre pour régler ses comptes avec son père à qui il reproche le désastre de Sakaar. Les premiers numéros sont cependant écrits sur un ton plutôt léger. La situation est pour le moins cocasse : Banner accepte de former son "fils" qui s'allie temporairement avec lui dans l'attente qu'il se transforme pour le tuer. On peut déplorer ce changement de ton ainsi que certaines erreurs d'écriture (Pak fusille le référentiel Conanesque), car si l'humour fonctionne sur Hercules, il n'est pas forcément adapté à un univers Hulk qui ne prête pas tellement à la franche rigolade. On ne saura pas si Marvel a rappelé Pak pour sauver les meubles avec les events improbables de Loeb (Fall of the Hulks, suivi de World War Hulks, notez le pluriel). Toujours est-il que Pak assure, et réhausse considérablement le niveau en adaptant à nouveau son intrigue. A contrario de Planète Hulk, le scénariste offre un full-Banner intéressant, revenant aux bases du personnage, à savoir un des plus brillants scientifiques, en ajoutant une touche personnelle. Confronté aux complots du Hulk rouge, Pak esquisse un Banner plus cynique, froid, en proposant une interprétation de la dualité plutôt inattendue "Et si la fonction de Hulk était de protéger le monde de Banner ?". Signe de sa maîtrise de SES personnages, Pak résout les enjeux de manière brillante dans un final qui frôle la perfection : action et émotion, symbolique de la dualité Hulk/Banner autour du meurtre du père, toute la palette est utilisée et fait mouche à tous les niveaux.
Une belle claque qui sauve World War Hulks pour en faire presque un event réussi. Pas de doute, le maître es Hulk, c'est bien Greg Pak. Marvel ne s'y trompe pas et décide de lui laisser la série pour deux années supplémentaires. To be continued...
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