mardi 27 mars 2012

New 52 : Stormwatch, Justice League Dark.

Nouvelle chronique consacrée aux séries DC du relaunch New 52. Cette fois-ci, je me focaliserai sur les séries qui n’auront vraisemblablement que peu de chance (à court terme du moins) d’être traduites en français, mais qui valent tout de même le détour. Elles ont aussi le point commun de rassembler certains personnages qui ne sont pas des créations DC per se, mais appartiennent originellement aux autres labels de sa galaxie (Vertigo, Wildstorm).

Stormwatch (#1-6)

Stormwatch reprend l’ancienne appellation de la fameuse série de Wildstorm, marquée par une excellente fin de run de Warren Ellis pour donner ensuite naissance à une petite révolution dans le monde du super-héros : The Authority. Peu avant le relaunch, Wildstorm avait définitivement fermé ses portes, et il était donc presque naturel que de voir arriver certaines petites têtes du label se mêler aux cadors de la DC. Pour tous les lecteurs de Stormwatch et de The Authority, la première lecture sera peut-être un peu douloureuse, puisque Cornell opère une refonte (quasi-totale) de l’équipe. La série est en quelque sorte un mélange de The Authority (aux yeux du roaster de l’équipe), de SHIELD à la Hickman, et bien sûr de Stormwatch pour le nom, la station spatiale, et la subordination à un cabinet de l’ombre dont on ne sait rien. Venons-en au récit de ces premiers numéros, qui partent tambour battant. Cornell multiplie en effet les enjeux : recruter des nouveaux membres (en l’occurrence un Apollo et un Midnighter très récalcitrants), gérer une menace extra-terrestre qui veut (comme toujours) détruire la Terre, et surtout régler de gros problèmes de cohésion interne. Dès les premiers épisodes le leadership d’Adam (aussi vieux que Mathusalem, conseiller de l’ombre des plus grands hommes de notre histoire) est mis à mal, notamment par une Ingénieure beaucoup plus bavarde et imposante que son homologue wildstormienne. La cohésion empire lorsque Harry « The Eminence of Blades » Tanner trahit l’équipe et kidnappe un des membres de Stormwatch. 
Je vais justement un peu me focaliser sur ces personnages, pour prévenir les habitués de l’univers Wildstorm de ce qu’ils auront sous les yeux :
Martian Manhunter : bon rien à dire sur lui en particulier. Toujours sage et détaché.
Adam : leader contesté par l’ensemble de l’équipe.
Harry Tanner : un spécialiste du combat à l’arme blanche. Censément le meilleur.
The projectionnist : première fois que je suis confronté à ce personnage. Elle est capable de manipuler l’ensemble des médias, notamment pour préserver l’anonymat total de Stormwatch, en particulier vis-à-vis des autres équipes de super-héros.  
L’Ingénieur : elle conserve  à peu près l’ensemble de ses pouvoirs par rapport à l’univers Wildstorm. Au même titre qu’elle était en charge du Porteur, il en va de même pour la station spatiale de Wildstorm. Un poil plus bavarde et dirigiste.
Jack Hawksmoor : Toujours le prince des villes, pieds nus et relativement doué au combat. Ici Cornell innove en invoquant des avatars des villes. Si les forces urbaines restaient toujours plus ou moins abstraites chez Wildstorm, elles sont ici perceptibles, dotées d’une personnalité propre et prennent forme pour communiquer avec Jack.
Midnighter/Apollo : ils ont globalement les mêmes pouvoirs, mais avec un nerf important. Midnighter n’est plus une brute ultime, puisqu’il n’est pas stipulé qu’il a déjà joué tout affrontement un million de fois dans sa tête. Il est suggéré qu’Apollo puisse rivaliser avec Superman, mais il semble quand même moins puissant. Pour ce qui est de leur homosexualité, peu d’éléments (après tout ils viennent de se rencontrer). Mais, un petit indice déjà… à voir. 
Jenny Quantum : elle est toujours un des enfants du siècle. Cependant elle est clairement moins puissante que dans The Authority. Si elle est toujours capable de mobiliser les avancées de la physique du XXIème siècle, cela reste limité. Elle reste en tout cas bien moins mature et badass que son homologue, en tant que jeune fille polie et réservée. Pour moi, c’est le grand choc, sachant qu’elle a toujours été un personnage extrêmement fort dans The Authority, et à mon sens le meilleur personnage féminin tous comics confondus. 

Pour ce qui est des dessins, c’est globalement très réussi. Je n’ai pas grand-chose à en dire, sinon qu’il faut apprécier les effets photoshop pour les pouvoirs. Ça reste dans les standards actuels du comics, et donc très agréable, d’autant qu’une série comme Stormwatch se doit d’assurer à ce niveau-là. 

Alors que dire de Stormwatch ? Qu’il faut vraiment oublier ce qui a été fait sur Wildstorm (même si quelques petits clins d’œil se glissent ici et là). Si elle a le nom et une partie du concept de Stormwatch, avec une équipe composée aux 3/4 des membres de The Authority, elle reste une équipe parmi d’autres de l’univers DC. Moins bourrine, moins mature, la série vaut quand même le détour de par son rythme particulièrement rapide et de très bonnes idées visuelles qui rendent sa lecture particulièrement agréable. Passés ces quelques avertissements, je pense que tout lecteur peut y trouver son compte.   


Justice League Dark (#1-6)

Toute nouvelle série chez DC, qui a profité du relaunch pour modifier sensiblement et à la marge son univers en introduisant un nombre non négligeable de personnages issus de Vertigo. Dans le cas de la Justice League, ce sont John Constantine et Shade qui font le pas. Pour être plus honnête, c’est la troisième apparition du célèbre magicien anglais qui avait exhibé ses guibolles dans les pages DC, en suivant consciemment Swamp Thing. On l’avait aperçu dans une page jouissive de Brightest Day puis dans l’aftermatch de l’event, Search for Swamp Thing. Etant un fanboy absolu du personnage, c’est uniquement pour lui que j’ai fait l’investissement. 

Pour résumer l’ambiance de la série, je dirais qu’elle est plus Dark que Justice League. Cette dernière appellation est d’ailleurs relativement usurpée, puisque la série rassemble les personnages les plus individualistes et les plus frappés du cigare qui soient. Le tampon « Justice League » est en fait un clin d’œil, puisque les membres les plus honorables de la vraie Justice League (Superman, Wonder Woman, Battalion) se font sévèrement poutrés en essayant de raisonner une enchanteresse qui a littéralement pété les plombs. Face à une menace magique, c’est une équipe de magiciens ou d’habitués des emmerdes surnaturelles que tente de rassembler une Madame Xanadu elle-même au bord de la folie après avoir contemplé ce que le futur réservait à l’ensemble de la planète. On retrouve donc Madame Xanadu, Zatanna, Deadman, Shade et John Constantine, en alliés de circonstance pour régler la folie sanguinaire qui agite l’humanité. On se rend d’ailleurs compte des autres séries (souvent issues de Vertigo) qui sont potentiellement concernés par ce type de cataclysme : Animal Man, Resurrection Man, Frankenstein : agent of S.H.A.D.E.S, I vampire. Les cinq premiers numéros sont ainsi concentrés sur la mise au pas des sorts de l’Enchanteresse, tandis que le dernier agit comme un petit bilan du travail d’équipe et surtout comme une transition vers le futur premier crossover des New 52 entre Justice League Dark/I vampire

A titre personnel, j’apprécie énormément le travail effectué ici par Milligan. Cela faisait pas mal de temps que je voyais son nom revenir sur un certain nombre de séries intéressantes, et Justice League Dark était une bonne occasion pour juger de la qualité de sa plume. On sent le vieil habitué des intrigues magiques (il est depuis 2009, le scénariste de Hellblazer, un des plus longs runs de la série), et il est parfaitement à l’aise dans cette facette de l’univers DC. Idem pour dépeindre une des plus belles brochettes de désaxés, et plus spécialement un John Constantine en parfait salaud qui pense avant tout pour sa pomme. Oubliez les bons sentiments et les grands discours sur les bienfaits de l’effort collectif. Comme le dit Constantine « j’en ai rien à carrer du monde, mais si ce dernier est détruit, il en va de même pour moi ». Milligan s’amuse à réunir des protagonistes qui n’ont aucune envie de collaborer, et appuie sur les sentiments de défiance ou d’hostilité ouverte qui les anime en permanence. Respectueux des travaux précédents, ils nous donnent aussi les suites de la romance improbable de Dove/Deadman, entamée dans Brightest Day, un des points les plus émouvants de l’event de Geoff Johns. Dommage qu’il quitte le navire après le cross-over, mais vu qu’il rejoint Stormwatch, on ne va pas se plaindre. En plus, on gagne Jeff Lemire, auteur de l’excellent (et en cours de lecture) Animal Man

Au niveau du dessin, il y a des choses à dires. Bon déjà, les couvertures sont sublimes. Ensuite, le style de Janin ne fera pas forcément l’unanimité. Après le premier numéro, je trouvais son trait magnifique. Sur les suivants, en faisant plus attention, j’avais vraiment l’impression de contempler un joli travail effectué sur ordinateur. Cela reste souvent plus que correct, mais dès que l’on passe sur les gros plans, c’est beaucoup trop lisse, et des rendus de visage qui m’ont un peu gêné. Par exemple, dans le deuxième numéro, Dove (habillée en civil) a un aspect « poupée gonflable » qui est assez dérangeant et out of the character. Par contre toutes les planches qui appuient les scènes de destruction et de carnage sont souvent somptueuses, et les effets magiques « photoshopés » sont également globalement de bonne facture. Une tonalité souvent mature, avec quelques effets gores bien venus puisqu’ils collent bien à l’ambiance très adulte de la série. 

Je me suis donc régalé avec Justice League Dark, qui est un petit coup de cœur personnel. L’ambiance tranche beaucoup avec ce que l’on a l’habitude de voir dans la majeure partie des New 52, et cette série est une des plus « adultes » qu’il m’ait été permis de lire. Je vais donc continuer avec désormais pas mal d’attente cette série, et peut-être même investir dans les deux numéros de I vampire qui constituent le cross-over Rise of the Vampires. 

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