Nouvelle
chronique consacrée aux séries DC du relaunch New 52. Cette fois-ci, je me
focaliserai sur les séries qui n’auront vraisemblablement que peu de chance (à
court terme du moins) d’être traduites en français, mais qui valent tout de
même le détour. Elles ont aussi le point commun de rassembler certains personnages
qui ne sont pas des créations DC per se, mais appartiennent originellement aux
autres labels de sa galaxie (Vertigo, Wildstorm).
Stormwatch
(#1-6)
Stormwatch reprend l’ancienne
appellation de la fameuse série de Wildstorm, marquée par une excellente fin de
run de Warren Ellis pour donner ensuite naissance à une petite révolution dans
le monde du super-héros : The Authority. Peu avant le relaunch, Wildstorm
avait définitivement fermé ses portes, et il était donc presque naturel que de
voir arriver certaines petites têtes du label se mêler aux cadors de la DC.
Pour tous les lecteurs de Stormwatch et de The Authority, la première lecture
sera peut-être un peu douloureuse, puisque Cornell opère une refonte
(quasi-totale) de l’équipe. La série est en quelque sorte un mélange de The
Authority (aux yeux du roaster de l’équipe), de SHIELD à la Hickman, et bien
sûr de Stormwatch pour le nom, la station spatiale, et la subordination à un
cabinet de l’ombre dont on ne sait rien. Venons-en au récit de ces premiers
numéros, qui partent tambour battant. Cornell multiplie en effet les
enjeux : recruter des nouveaux membres (en l’occurrence un Apollo et un
Midnighter très récalcitrants), gérer une menace extra-terrestre qui veut (comme
toujours) détruire la Terre, et surtout régler de gros problèmes de cohésion
interne. Dès les premiers épisodes le leadership d’Adam (aussi vieux que
Mathusalem, conseiller de l’ombre des plus grands hommes de notre histoire) est
mis à mal, notamment par une Ingénieure beaucoup plus bavarde et imposante que
son homologue wildstormienne. La cohésion empire lorsque Harry « The
Eminence of Blades » Tanner trahit l’équipe et kidnappe un des membres de
Stormwatch.
Je vais justement un peu me focaliser sur ces personnages, pour
prévenir les habitués de l’univers Wildstorm de ce qu’ils auront sous les
yeux :
Martian Manhunter : bon rien
à dire sur lui en particulier. Toujours sage et détaché.
Adam : leader contesté par
l’ensemble de l’équipe.
Harry Tanner : un spécialiste
du combat à l’arme blanche. Censément le meilleur.
The projectionnist :
première fois que je suis confronté à ce personnage. Elle est capable de
manipuler l’ensemble des médias, notamment pour préserver l’anonymat total de
Stormwatch, en particulier vis-à-vis des autres équipes de super-héros.
L’Ingénieur : elle
conserve à peu près l’ensemble de ses
pouvoirs par rapport à l’univers Wildstorm. Au même titre qu’elle était en
charge du Porteur, il en va de même pour la station spatiale de Wildstorm. Un
poil plus bavarde et dirigiste.
Jack Hawksmoor : Toujours le
prince des villes, pieds nus et relativement doué au combat. Ici Cornell innove
en invoquant des avatars des villes. Si les forces urbaines restaient toujours
plus ou moins abstraites chez Wildstorm, elles sont ici perceptibles, dotées
d’une personnalité propre et prennent forme pour communiquer avec Jack.
Midnighter/Apollo : ils ont
globalement les mêmes pouvoirs, mais avec un nerf important. Midnighter n’est
plus une brute ultime, puisqu’il n’est pas stipulé qu’il a déjà joué tout affrontement
un million de fois dans sa tête. Il est suggéré qu’Apollo puisse rivaliser
avec Superman, mais il semble quand même moins puissant. Pour ce qui est de
leur homosexualité, peu d’éléments (après tout ils viennent de se rencontrer).
Mais, un petit indice déjà… à voir.
Jenny Quantum : elle est
toujours un des enfants du siècle. Cependant elle est clairement moins
puissante que dans The Authority. Si elle est toujours capable de mobiliser les
avancées de la physique du XXIème siècle, cela reste limité. Elle reste en tout
cas bien moins mature et badass que son homologue, en tant que jeune fille
polie et réservée. Pour moi, c’est le grand choc, sachant qu’elle a toujours
été un personnage extrêmement fort dans The Authority, et à mon sens le
meilleur personnage féminin tous comics confondus.
Pour ce qui est des dessins,
c’est globalement très réussi. Je n’ai pas grand-chose à en dire, sinon qu’il
faut apprécier les effets photoshop pour les pouvoirs. Ça reste dans les
standards actuels du comics, et donc très agréable, d’autant qu’une série comme
Stormwatch se doit d’assurer à ce niveau-là.
Alors que dire de
Stormwatch ? Qu’il faut vraiment oublier ce qui a été fait sur Wildstorm
(même si quelques petits clins d’œil se glissent ici et là). Si elle a le nom
et une partie du concept de Stormwatch, avec une équipe composée aux 3/4 des
membres de The Authority, elle reste une équipe parmi d’autres de l’univers DC.
Moins bourrine, moins mature, la série vaut quand même le détour de par son
rythme particulièrement rapide et de très bonnes idées visuelles qui rendent sa
lecture particulièrement agréable. Passés ces quelques avertissements, je pense
que tout lecteur peut y trouver son compte.
Justice League Dark (#1-6)
Toute nouvelle série chez DC, qui
a profité du relaunch pour modifier sensiblement et à la marge son univers en
introduisant un nombre non négligeable de personnages issus de Vertigo. Dans le
cas de la Justice League, ce sont John Constantine et Shade qui font le pas.
Pour être plus honnête, c’est la troisième apparition du célèbre magicien
anglais qui avait exhibé ses guibolles dans les pages DC, en suivant
consciemment Swamp Thing. On l’avait aperçu dans une page jouissive de
Brightest Day puis dans l’aftermatch de l’event, Search for Swamp Thing. Etant un
fanboy absolu du personnage, c’est uniquement pour lui que j’ai fait
l’investissement.
Pour résumer l’ambiance de la
série, je dirais qu’elle est plus Dark que Justice League. Cette dernière
appellation est d’ailleurs relativement usurpée, puisque la série rassemble les
personnages les plus individualistes et les plus frappés du cigare qui soient.
Le tampon « Justice League » est en fait un clin d’œil, puisque les
membres les plus honorables de la vraie Justice League (Superman, Wonder Woman,
Battalion) se font sévèrement poutrés en essayant de raisonner une
enchanteresse qui a littéralement pété les plombs. Face à une menace magique,
c’est une équipe de magiciens ou d’habitués des emmerdes surnaturelles que tente
de rassembler une Madame Xanadu elle-même au bord de la folie après avoir
contemplé ce que le futur réservait à l’ensemble de la planète. On retrouve
donc Madame Xanadu, Zatanna, Deadman, Shade et John Constantine, en alliés de
circonstance pour régler la folie sanguinaire qui agite l’humanité. On se rend
d’ailleurs compte des autres séries (souvent issues de Vertigo) qui sont
potentiellement concernés par ce type de cataclysme : Animal Man,
Resurrection Man, Frankenstein : agent of S.H.A.D.E.S, I vampire. Les cinq
premiers numéros sont ainsi concentrés sur la mise au pas des sorts de l’Enchanteresse,
tandis que le dernier agit comme un petit bilan du travail d’équipe et surtout
comme une transition vers le futur premier crossover des New 52 entre Justice
League Dark/I vampire.
A titre personnel, j’apprécie
énormément le travail effectué ici par Milligan. Cela faisait pas mal de temps
que je voyais son nom revenir sur un certain nombre de séries intéressantes, et
Justice League Dark était une bonne occasion pour juger de la qualité de sa
plume. On sent le vieil habitué des intrigues magiques (il est depuis 2009, le
scénariste de Hellblazer, un des plus longs runs de la série), et il est
parfaitement à l’aise dans cette facette de l’univers DC. Idem pour dépeindre
une des plus belles brochettes de désaxés, et plus spécialement un John
Constantine en parfait salaud qui pense avant tout pour sa pomme. Oubliez les
bons sentiments et les grands discours sur les bienfaits de l’effort collectif.
Comme le dit Constantine « j’en ai rien à carrer du monde, mais si ce
dernier est détruit, il en va de même pour moi ». Milligan s’amuse à
réunir des protagonistes qui n’ont aucune envie de collaborer, et appuie sur
les sentiments de défiance ou d’hostilité ouverte qui les anime en permanence.
Respectueux des travaux précédents, ils nous donnent aussi les suites de la
romance improbable de Dove/Deadman, entamée dans Brightest Day, un des points
les plus émouvants de l’event de Geoff Johns. Dommage qu’il quitte le navire après
le cross-over, mais vu qu’il rejoint Stormwatch, on ne va pas se plaindre. En
plus, on gagne Jeff Lemire, auteur de l’excellent (et en cours de lecture)
Animal Man.
Au niveau du dessin, il y a des
choses à dires. Bon déjà, les couvertures sont sublimes. Ensuite, le style de
Janin ne fera pas forcément l’unanimité. Après le premier numéro, je trouvais
son trait magnifique. Sur les suivants, en faisant plus attention, j’avais
vraiment l’impression de contempler un joli travail effectué sur ordinateur. Cela
reste souvent plus que correct, mais dès que l’on passe sur les gros plans,
c’est beaucoup trop lisse, et des rendus de visage qui m’ont un peu gêné. Par
exemple, dans le deuxième numéro, Dove (habillée en civil) a un aspect
« poupée gonflable » qui est assez dérangeant et out of the
character. Par contre toutes les planches qui appuient les scènes de
destruction et de carnage sont souvent somptueuses, et les effets magiques
« photoshopés » sont également globalement de bonne facture. Une
tonalité souvent mature, avec quelques effets gores bien venus puisqu’ils
collent bien à l’ambiance très adulte de la série.
Je me suis donc régalé avec
Justice League Dark, qui est un petit coup de cœur personnel. L’ambiance
tranche beaucoup avec ce que l’on a l’habitude de voir dans la majeure partie
des New 52, et cette série est une des plus « adultes » qu’il m’ait
été permis de lire. Je vais donc continuer avec désormais pas mal d’attente
cette série, et peut-être même investir dans les deux numéros de I vampire qui
constituent le cross-over Rise of the Vampires.
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