Pour ce billet, je vais
prendre quelques libertés avec les catégories littéraires classiques de
Préambule pour mieux m’attarder sur la production des comics de la DC. Plus précisément,
je vais faire un point sur le relaunch/reboot (redémarrage de toutes les séries
DC), et plus spécifiquement encore, sur des séries de l’univers New 52 qui seront
bientôt proposées en version française. Etant donc tributaire des annonces d’Urban
Comics, je vous propose donc une critique sommaire de mes lectures, à savoir Wonder
Woman et Catwoman, qui paraîtront respectivement les 25 mai et 8 juin prochains.
Catwoman (#1-6)
J’avais décidé par pur hasard
de me lancer dans cette série, n’ayant jamais rien lu sur le personnage lié à l’univers
Batman. L’équipe à l’œuvre m’était également totalement inconnue, sinon le nom
du scénariste, Judd Winick, qui a officié sur Power Girl (et dont je dois
toujours lire les TPB).
Les six premiers numéros nous
offrent une descente aux enfers pour la célèbre voleuse féline. La perte d’un
mentor, puis un cambriolage foireux font en effet de Catwoman la cible d’une
partie de la police de Gotham, à savoir celle non-adhérente au fan-club de Jim
Gordon. Winick a décidé de jouer la carte d’une Catwoman assez vulnérable, que
ce soit dans les situations qu’elle doit surmonter, ou dans les figures
tutélaires, dont un Batman particulièrement omniscient et dominateur, dont elle
semble dépendre tout au long du récit. Si Catwoman est un personnage solitaire
(comme tout Arsène Lupin en latex qui se respecte), elle n’est pourtant pas la
plus sombre des héroïnes, puisque Winick lui attribue une personnalité assez
espiègle et plus joviale que ce qu’on a pu voir par exemple dans le jeu vidéo
Arkham City. En privilégiant les monologues intérieurs, où Catwoman s’adresse
directement au lecteur, il joue en permanence sur l’auto-ironie ou l’autodénigrement,
ce qui tranche avec certains aspects particulièrement sombres du récit.
Du côté du dessin, il y a du
bon et du moins bon. Rien à dire sur la caractérisation des personnages
secondaires, et surtout sur le dynamisme des cases qui mettent parfaitement en
relief l’agilité de Catwoman, avec une mention particulière pour la scène de rhabillage/fuite
du premier numéro. Par contre, et c’est plus problématique, cela pêche à mon
goût sur Catwoman elle-même. Si March nous offre une Selina Kyle tout en
rondeurs, et insistant à plusieurs reprises sur son décolleté (et il y a du
monde au balcon), j’ai plus de mal à apprécier son visage aux traits beaucoup
trop anguleux et le rendu d’une mâchoire à la limite du triangle isocèle. Autre
problème lié à la colorisation de Catwoman, la présence d’une tâche rouge
récurrente sur son nez. Je ne sais pas si cela est censé refléter les
conséquences du froid sur une femme se baladant sur les toits en pleine nuit,
mais cela donne l’impression d’une Catwoman en permanence pompette, ce qui nuit
considérablement sur son esthétisme.
En conclusion,Catwoman est une
série prometteuse, parce qu’il faut reconnaître que l’histoire est efficace et que
son héroïne est très attachante. A suivre (en tout cas, moi je suis).
Wonder Woman (#1-6)
C’est peu dire que j’étais
extrêmement enthousiaste à l’idée de découvrir les travaux mainstream de Brian
Azzarello dont j’adore (et le verbe est faible) sa série 100 Bullets. Ne
connaissant là encore pas grand-chose à Wonder Woman (soyons honnête, je reste
un novice de l’univers DC), c’était une bonne occasion pour combler cette
lacune.
Azzarello a une écriture très
ancrée polar, en tout cas est extrêmement à l’aise avec ce genre de code, et d’aucuns
annonçaient cette série comme étant une sorte de polar mythologique. Autant
dire que ceux qui auraient ce type d’attente seront forcément déçus, puisque
Azzarello propose plutôt du super-héroïque mythologique, somme toute assez
classique. Nous retrouvons une Diana en proie à un conflit identitaire,
apprenant la vérité sur son père ce qui remet en cause son appartenance à la
communauté des Amazones. Assistée par le dieu Hermès, elle est amenée à sauver
puis protéger une jeune fille du courroux d’Héra qui la suspecte d’être
enceinte d’un Zeus à nouveau volage. Le reste de l’arc dérive sur la résolution
d’un conflit divin majeur, à savoir le règne sur les cieux, puisque ce même
Zeus a mystérieusement disparu. Cet arc est donc une introduction aux
principaux protagonistes de ce conflit : Apollon, Héra, Hadès, Poséidon,
tout en finissant sur un cliffangher qui ne résout rien à la fin du sixième
épisode.
A l’instar de Catwoman, je
suis un peu partagé sur les dessins de Cliff Chiang. Certaines cases sont
efficaces, et le character-design est tout aussi original que réussi (mention
spéciale pour Poséidon). Je trouve par contre que la finesse des visages est
assez aléatoire, que ce soit selon les personnages, ou plus dérangeant, selon
les cadrages opérés par le dessinateur. Plus problématique, je trouve que le
dessin est plutôt statique, ce qui fonctionne pour la pose des personnages,
mais manque cruellement d’impact pour les scènes d’action. Sachant que
mythologique doit rimer avec épique, et que Wonder Woman est une femme généreuse
en gnons et autres coups de tatane, on perd beaucoup dans le rendu de cette
dimension pourtant fondamentale de la farouche amazone.
Je dois admettre que je suis
assez déçu du travail d’Azzarello, dont j’attendais certainement trop. Mais je
crois que son génie ne peut pas s’exprimer pleinement sur ce type de titre, et
peut-être que la participation future de Chiang à l’écriture du scénario
traduit ce manque d’aisance. Wonder Woman est donc juste sympathique et je vais
continuer la série par pure curiosité. En ce qui concerne Azzarello, je vais
donc plutôt me tourner vers sa nouvelle collaboration avec Eduardo Risso,
Spaceman, et plus tard, sur la déjà controversée préquelle de Watchmen.
A bientôt et bonne lecture à tous.
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