samedi 17 mars 2012

New 52 : Catwoman et Wonder Woman


Pour ce billet, je vais prendre quelques libertés avec les catégories littéraires classiques de Préambule pour mieux m’attarder sur la production des comics de la DC. Plus précisément, je vais faire un point sur le relaunch/reboot (redémarrage de toutes les séries DC), et plus spécifiquement encore, sur des séries de l’univers New 52 qui seront bientôt proposées en version française. Etant donc tributaire des annonces d’Urban Comics, je vous propose donc une critique sommaire de mes lectures, à savoir Wonder Woman et Catwoman, qui paraîtront respectivement les 25 mai et 8 juin prochains.


Catwoman (#1-6)


J’avais décidé par pur hasard de me lancer dans cette série, n’ayant jamais rien lu sur le personnage lié à l’univers Batman. L’équipe à l’œuvre m’était également totalement inconnue, sinon le nom du scénariste, Judd Winick, qui a officié sur Power Girl (et dont je dois toujours lire les TPB).
Les six premiers numéros nous offrent une descente aux enfers pour la célèbre voleuse féline. La perte d’un mentor, puis un cambriolage foireux font en effet de Catwoman la cible d’une partie de la police de Gotham, à savoir celle non-adhérente au fan-club de Jim Gordon. Winick a décidé de jouer la carte d’une Catwoman assez vulnérable, que ce soit dans les situations qu’elle doit surmonter, ou dans les figures tutélaires, dont un Batman particulièrement omniscient et dominateur, dont elle semble dépendre tout au long du récit. Si Catwoman est un personnage solitaire (comme tout Arsène Lupin en latex qui se respecte), elle n’est pourtant pas la plus sombre des héroïnes, puisque Winick lui attribue une personnalité assez espiègle et plus joviale que ce qu’on a pu voir par exemple dans le jeu vidéo Arkham City. En privilégiant les monologues intérieurs, où Catwoman s’adresse directement au lecteur, il joue en permanence sur l’auto-ironie ou l’autodénigrement, ce qui tranche avec certains aspects particulièrement sombres du récit.
Du côté du dessin, il y a du bon et du moins bon. Rien à dire sur la caractérisation des personnages secondaires, et surtout sur le dynamisme des cases qui mettent parfaitement en relief l’agilité de Catwoman, avec une mention particulière pour la scène de rhabillage/fuite du premier numéro. Par contre, et c’est plus problématique, cela pêche à mon goût sur Catwoman elle-même. Si March nous offre une Selina Kyle tout en rondeurs, et insistant à plusieurs reprises sur son décolleté (et il y a du monde au balcon), j’ai plus de mal à apprécier son visage aux traits beaucoup trop anguleux et le rendu d’une mâchoire à la limite du triangle isocèle. Autre problème lié à la colorisation de Catwoman, la présence d’une tâche rouge récurrente sur son nez. Je ne sais pas si cela est censé refléter les conséquences du froid sur une femme se baladant sur les toits en pleine nuit, mais cela donne l’impression d’une Catwoman en permanence pompette, ce qui nuit considérablement sur son esthétisme.
En conclusion,Catwoman est une série prometteuse, parce qu’il faut reconnaître que l’histoire est efficace et que son héroïne est très attachante. A suivre (en tout cas, moi je suis).

Wonder Woman (#1-6)


C’est peu dire que j’étais extrêmement enthousiaste à l’idée de découvrir les travaux mainstream de Brian Azzarello dont j’adore (et le verbe est faible) sa série 100 Bullets. Ne connaissant là encore pas grand-chose à Wonder Woman (soyons honnête, je reste un novice de l’univers DC), c’était une bonne occasion pour combler cette lacune.
Azzarello a une écriture très ancrée polar, en tout cas est extrêmement à l’aise avec ce genre de code, et d’aucuns annonçaient cette série comme étant une sorte de polar mythologique. Autant dire que ceux qui auraient ce type d’attente seront forcément déçus, puisque Azzarello propose plutôt du super-héroïque mythologique, somme toute assez classique. Nous retrouvons une Diana en proie à un conflit identitaire, apprenant la vérité sur son père ce qui remet en cause son appartenance à la communauté des Amazones. Assistée par le dieu Hermès, elle est amenée à sauver puis protéger une jeune fille du courroux d’Héra qui la suspecte d’être enceinte d’un Zeus à nouveau volage. Le reste de l’arc dérive sur la résolution d’un conflit divin majeur, à savoir le règne sur les cieux, puisque ce même Zeus a mystérieusement disparu. Cet arc est donc une introduction aux principaux protagonistes de ce conflit : Apollon, Héra, Hadès, Poséidon, tout en finissant sur un cliffangher qui ne résout rien à la fin du sixième épisode.
A l’instar de Catwoman, je suis un peu partagé sur les dessins de Cliff Chiang. Certaines cases sont efficaces, et le character-design est tout aussi original que réussi (mention spéciale pour Poséidon). Je trouve par contre que la finesse des visages est assez aléatoire, que ce soit selon les personnages, ou plus dérangeant, selon les cadrages opérés par le dessinateur. Plus problématique, je trouve que le dessin est plutôt statique, ce qui fonctionne pour la pose des personnages, mais manque cruellement d’impact pour les scènes d’action. Sachant que mythologique doit rimer avec épique, et que Wonder Woman est une femme généreuse en gnons et autres coups de tatane, on perd beaucoup dans le rendu de cette dimension pourtant fondamentale de la farouche amazone.  
Je dois admettre que je suis assez déçu du travail d’Azzarello, dont j’attendais certainement trop. Mais je crois que son génie ne peut pas s’exprimer pleinement sur ce type de titre, et peut-être que la participation future de Chiang à l’écriture du scénario traduit ce manque d’aisance. Wonder Woman est donc juste sympathique et je vais continuer la série par pure curiosité. En ce qui concerne Azzarello, je vais donc plutôt me tourner vers sa nouvelle collaboration avec Eduardo Risso, Spaceman, et plus tard, sur la déjà controversée préquelle de Watchmen. 

A bientôt et bonne lecture à tous.

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