Après du DC en vo, rien de tel que du Marvel en vf ! Point de souci de parité, mais plutôt l'envie de revenir sur l'univers Ultimates. A propos de ce dernier, il est certain que l'enthousiasme et la fièvre du début des années 2000 sont oubliés depuis belle lurette, mais mérite-t-il pour autant l'ostracisme actuel avec des ventes calamiteuses (aux USA) mois après mois. Marvel cherche désespérément la solution, et tel un gouvernement au bord du précipice économique, remanie régulièrement ses équipes dans l'espoir d'une relance bienvenue. Et ça tombe bien parce que le présent Marvel Universe #7 (paru en mai 2013) propose un nouveau statu quo, avec de nouveaux scénaristes pour l'animer. Exit Jonathan Hickman et Nick Spencer, et bienvenue à Sam Humphries et (roulement de tambour) Brian Wood. Un renouveau qui se concrétise dans ce numéro par un découpage éditorial un poil différent des numéros précédents pour mettre en avant ce titre blockbuster "Divided We Fall" : Ultimates X-Men, Ultimates (x2), Ultimates X-Men et Ultimates Spider-man (x2).
Avant d'entamer la chronique de ce numéro, un petit point sur le nouveau roaster de l'univers Ultimates :
- Ultimates Comics : X-men #13 et 14: Brian Wood, Paco Medina et Reilly Brown
- Ultimates Comics : Ultimates #13 et 14 : Sam Humphries, Billy Tan et Timothy Green II
- Ultimates Comics : Spider-man #13 et 14 : Brian M. Bendis et David Marquez
Jamais dans l'univers Ultimates les trois sous-composantes (les FF manquant à l'appel depuis Ultimatum, et pour cause...cf les numéros précédents), n'auront été aussi liées. Avec le recul, il est finalement aisé de voir que le run d'Hickman est assez faiblard (je ne me remets toujours pas de la tumeur intelligente). Pour être plus exact, ce sont ses sous-entendus, ses intrigues mineures qui auront eu le plus de conséquences sur la direction à présent empruntée par Wood et Humphries. Rendons donc hommage à Spencer qui a su lui insuffler cette atmosphère de fin des temps qui correspond totalement à ce que sont les Etats-Unis d'aujourd'hui (dans les Ultimates, hein !). Car dire que c'est le chaos est une formulation un poil euphémique. J'aimerais spéculer sur l'influence de Brian Wood, mais franchement, impossible de ne pas penser à DMZ lorsque l'on regarde cette nouvelle carte des USA où le sécessionisme le dispute à la balkanisation. Et pourtant ce n'est pas l'auteur de la très bonne série de Vertigo qui nous sert la soupe politique. Wood plante le décor pour faire comprendre que les nouveaux états voyous sont guidés par une idéologie anti-mutante, au mieux racialiste, au pire carrément génocidaire. Voilà le monde dans lequel doivent se dépatouiller les X-Men menés par Kitty Pride. Sauf que notre team de mutants n'a plus la gloire d'antan, et en guise de résistance, c'est plutôt un road-trip intimiste à quatre protagonistes que nous livre l'écrivain de Northlanders. Un hommage à La Route de Mc Carthy (voire au Livre d'Eli, mais la référence est insultante), plutôt bien ficelé avec son lot de scènes assez touchantes. N'attendez donc pas un déchaînement de violence, mais une atmosphère bien travaillée et qui amène des développements ultérieurs. Je crois que Brian Wood a démontré (et démontre encore dans le X-Men Universe de Panini) qu'il maîtrise les séries mutantes. Si en plus on lui propose de le crosser avec une ambiance pré-apocalyptique, ma foi, il y a de quoi être content.
Le côté politique, c'est plutôt avec les Ultimates qu'il faudra le trouver. Et là je dis merci. D'emblée, le titre avait été construit autour de bases politiques assez fortes. Du moins, cette dimension avait toujours été très présente (notamment via le personnage de Thor, magnifié par Millar). Ni Loeb (mwahahah), ni Millar lors de son retour (encore que sur la fin d'Ultimates Avengers, c'est discutable), ni Hickman (gros mwahahaha), n'avait retrouvé l'essence de la série. Dommage, car la thématique se doit d'être régulièrement traitée dans du comics, quand bien même il serait mainstream. Bref, passons à ces deux numéros. Franchement c'est de la bombe, et Humphries parvient à rallumer plusieurs mèches propres aux Ultimates. Passons sur le contexte (cela ferait redondant avec les X-Men), même s'il faut avouer que sa description d'un Président complètement dépassé est assez performante. Par contre, le retour de Captain America est franchement bien foutu. On l'attendait, et waoaou, merci. D'autant qu'Humphries ne nous fait pas du Cap' version "Y'a pas marqué la France" (même si c'était très drôle), mais plutôt du Civil War-like. Et quand le retour de Cap' va de pair avec la reconstitution de la team originelle avec Thor (et son marteau) et Tony Stark (et sa tumeur), c'est une belle taf de nostalgie que le lecteur est amené à inhaler. Notre trio doit régler une menace nuclaire dans la République autoproclamée du Texas, et ça explose dans tous les sens. L'action bigger than life est bien au rendez-vous, le rythme est trépidant. C'est le retour de de l'héroïsme en somme. Cerise sur le gâteau, Humphries disserte aussi sur les imbroglios politiques, et ma foi cette idée d'états privatisés par une classe politique facilement corruptible au moment où l'on attendrait la probité la plus stricte, n'est pas sans rappeler notre planète. Je ne veux pas vous infliger mes réflexions politiques, mais il faut admettre que lorsque l'on lit un comics qui vous fait penser aux enjeux fondamentaux que vous pouvez observer, cette maturité-là est aussi appréciable.
Le meilleur pour la fin ? Peut-être pas, car pour une fois les deux autres titres Ultimates sont à la hauteur. Mais peut-être que oui parce que Bendis prouve encore une fois qu'il est monstrueux de maîtrise sur son personnage. Avant d'ouvrir le numéro de Spider-man, je me disais "mais merde, à un moment il va falloir que Bendis recolle Miles au bordel généralisé qui touche notamment New-York". Une des failles pouvait justement constituer dans ce relatif décalage, un brin embarrassant sans être rédhibitoire. Mais pourquoi s'inquiéter avec Bendis ? L'écrivain recolle sa série avec le crossover Spider-Men (du très bon, et j'aurais été con de l'ignorer) mais aussi avec le retour de Cap' aux affaires. Vous apprendrez ainsi les remords de Cap' avec la gestion de Peter Parker, mais comment le clan de ce dernier entend assurer l'héritage du premier tisseur. Au niveau de l'écriture, des dialogues, des scènes, c'est un sans-faute. L'action arrive toujours au bon moment, et franchement les futurs épisodes avec un team-up Cap'/Spider-Man sont très très alléchants. En plus, il faut quand même avouer que les dessins de Marquez sont magnifiques, bien au-dessus de ce que font ses petits camarades sur X-Men ou Ultimates.
Vous l'aurez compris, s'il faut tenter l'expérience Ultimates en VF, c'est maintenant (mai 2013). Bon, vous aurez raté 12 numéros du Spider-Man de Bendis, et tant pis pour vous. Mais là au moins, vous avez trois séries solides, un univers crédible clairement différentiable de la Terre 616. En somme on retrouve un peu de l'esprit des origines de ce qu'a été l'expérience Ultimates. Moralité, on achète ce magazine et on jouit de sa lecture.
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