Après quelques semaines
d’absence, et en attendant l’arrivée imminente de la prochaine rentrée
littéraire, je vous propose une nouvelle revue des effectifs Marvel NOW !
Pour ce premier bilan du mois d’août, place aux séries estampillées Avengers.
AVENGERS 2
Avengers (vol 5) #3-4 : Jonathan Hickman/Jerome Opena/Adam Kubert
Une fois n’est pas coutume chez
Hickman, le premier arc de la nouvelle série Avengers aura été bougrement court
aux yeux de ses standards habituels. Alors que nos héros sont empêtrés dans le
bourbier martien, et ce malgré l’arrivée en masse des renforts, une
intervention proprement divine les sort du marasme. Un salut cosmique bienvenu
qui démontre en tout cas les ambitions qu’a Hickman pour son équipe All-Star.
L’épisode se lit en tout cas très bien grâce à une bonne dose d’action épique
conjuguée à la cosmologie particulière du vilain du jour. Le lecteur appréciera
(ou pas) la tonalité mystico-mystérieuse qui se dégage des dialogues ; il
tiquera peut-être (comme votre serviteur) sur certaines formulations
(« C’est le premier monde… des Avengers », certes ?!!) qui
peuvent laisser perplexe. En revanche il sera époustouflé par les planches
d’Opena (dieu que c’est beau). On redescend sur Terre avec le #4, récit
orchestré autour d’une course contre la montre entre les Avengers et l’AIM pour
prendre possession de six sites contaminées par une arme biologique. Plus
classique dans sa confection, Hickman ne donne toutefois pas toutes les clefs
de lecture de la menace du jour dans un épisode qui lui sert surtout à
présenter les nouveaux membres du groupe (en l’occurrence Hypérion). C’est pas
mal, sans laisser un souvenir impérissable à la lecture. Il était évident
qu’Opena n’allait pas tenir la cadence (deux épisodes par mois) longtemps, il
laisse donc la place au membre Marvel de la fratrie Kubert. Le style est
forcément différent, mais j’ai l’impression que Kubert reste en dessous de son
niveau habituel (AvX notamment). Au diapason du récit finalement.
New Avengers (vol 3) #2 : Jonathan Hickman/Steve Epting
Après l’introduction de la menace
au précédent épisode, voici venue l’heure de son explication. Si Hickman la
joue by the book, cela ne l’empêche pas de livrer un épisode passionnant où
l’écrivain nous montre que le super-slibard ne se limite pas seulement à du PIF
PAF POUF, et un kebab. Une bonne scène d’interrogatoire suivi d’un face-à-face
tendu entre T’challa et Namor (AvX oblige si vous n’avez pas suivi), et enfin
la réunion tant attendue de nos Illuminati remobilisés pour l’occasion (il me
semble que le groupe était en stand-by depuis le Heroic Age). Pour que le
lecteur ne soit pas complètement perdu, il eut été bienvenu de prendre
connaissance de l’arc où Bendis décrivait comment les Illuminati avaient été
reconstituées, mais bon, un coup de wiki, et c’est réglé. Reste que l’ensemble
brille par sa cohérence, son respect des personnages et des travaux antérieurs.
Hickman montre aussi ses talents de pédagogue ou de vulgarisateur en science
super-héroïque, et tout est limpide du début à la fin du numéro. On sait à quoi
s’attendre, avec la mention d’une menace masquée et particulièrement puissante
ainsi que les choix moraux que devront effectuer nos New Avengers pour la
solutionner. Vivement le mois prochain pour avancer dans un arc qui s’annonce
fichtrement intéressant. En plus Epting est en forme et rend hommage au script
avec de bien jolis dessins, ce qui ne gâche rien, bien au contraire.
Secret Avengers (vol 2) #2 : Nick Spencer/Luke Ross
J’avais exprimé le mois dernier
toutes mes réserves à propos de cette nouvelle mouture des Secret Avengers. Ce
présent épisode se lit sensiblement mieux. Oh, je ne crois pas que cela soit dû
talent soudainement révélé de Spencer, mais plutôt à la structure même de
l’épisode. Et oui, vu que ça bourrine allègrement tout au long des 20 pages, on
ne se tape pas les dialogues un peu crétins de Black Widow ou d’Hawkeye. Pour
être plus juste avec Spencer, il faut rendre justice à ce dernier de jouer un
peu avec son équipe made in Cinema (« C’est qui ce type avec le costume du
SHIELD ? »). Au programme du numéro, notons tout de même que l’AIM
fait encore chier son monde, que le SHIELD exfiltre le maître de corvée, qui
révèle les buts de son recrutement dans un cliffangher qui titille le lecteur.
Et oui, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais au moins, on a envie d’avancer
dans le récit. Ce qui est toujours bon signe. Aux dessins, c’est toujours Luke
Ross aux manettes, et rien à faire, je ne suis pas fan.
Young Avengers (vol 2) #2 : Kieron Gillen/Jamie McKelvie/Mike Norton
J’allais presque être
dithyrambique au moment d’écrire ces quelques lignes, je ne serais
qu’enthousiaste à cause des quatre dernières pages. Gillen avait conclu son
précédent numéro avec un cliffangher familial. Dire que l’écrivain ne perd pas
son temps est un doux euphémisme. Non content de préciser sa menace de type The
Faculty interdimensionnel, Gillen orchestre une évasion à l’arrache, pour faire
ensuite appel aux Avengers jusqu’à ce que Loki s’invite dans cette danse. Je
pense que le record de twists dans un épisode de comics mainstream vient d’être
battu. C’est justement cet enchaînement trépidant de révélations/renversements
de situations qui devient lassant. A force de jouer l’ascenseur émotionnel avec
son lecteur, ce dernier a bien envie de hurler un « STOP ! On se pose
un petit peu et on fait dans le stable ! ». Et ce n’est pas la
dernière page qui inversera cette impression. Je me dois de faire part de ce
bémol un petit peu à contre-coeur car l’épisode fourmille de bonnes idées
(mention spéciale à la libération de Wiccan par Loki) et dialogues savoureux
(mention spéciale à Loki pour l’ensemble de son œuvre). Finalement, Gillen se
révèle plus à l’aise avec ses anciens joujoux qu’avec ses nouveaux. Impossible
donc de ne pas ressentir que la série a du potentiel, mais il faudra voir si
l’essai sera bien transformé.
Bilan de la revue : Avengers
se révèle toujours aussi, sinon plus, agréable à lire. Si New Avengers sort du
lot, Avengers poursuit son bout de chemin cosmique, et les Secret et Young
montrent également les crocs. Pas de raison de faire l’impasse sur la revue en
somme.
AVENGERS HORS SERIE 1
Red She-Hulk #58-62 : Jeff Parker/Carlos Pagulayan/Wellinton Alves
« Mais j’ai raté 57 numéros
de Red She-Hulk ? Comment se fait-ce ? » Pas de panique, jeune padawan,
Marvel te taquine avec sa numérotation bizarre. Au lieu d’annuler son titre
Hulk, créé il y a 57 numéros par un certain Jeph Loeb (et dire que j’ai tout
lu, bigre), la Maison des Idées y a adjoint un subtile pronom féminin pour
acter du changement de protagoniste. Pour ne dépayser personne, on reste dans
la famille Ross, et si l’on délaisse le bougon Thaddeus, on gagne au change
avec Elizabeth, dont l’intelligence le dispute à la beauté. Et pour dépayser
encore moins de monde, on garde la même équipe artistique. Si vous suivez ce
blog, vous saurez que cela fait depuis quelques temps que j’accuse Jeff Parker
de tourner en rond avec ses séries (et ce n’est pas Dark Avengers qui va me
faire démentir), et c’est presque à reculons que j’ai coché ce HS dans ma
check-list mensuelle. Et bien j’aurais été sacrément con de faire l’impasse.
Preuve que ce cachottier de Parker en gardait sous la pédale, je dois dire que
l’on retrouve le même vent de fraîcheur qu’à son début de run où il avait
magnifié le personnage du Hulk Rouge. Le parallèle s’impose de lui-même puisque
Parker utilise sensiblement les mêmes ficelles. On retrouve le général Fortean,
toujours déterminé à purger le monde de tout individu radié aux rayons gamma.
Mais le chasseur d’antan est cette fois-ci chassé par une Betty Ross
passablement énervée, et qui déboule dès le premier numéro pour défourailler
la nouvelle arme anti-hulk made in US Army. Un coup d’éclat plus tard, et voici notre héroïne traquée par
la crème des Avengers, persuadés que Betty a pété les plombs comme son célèbre
ex-mari. Preuve que Parker récite ou module ses gammes classiques, Machine-Man
(déjà introduit dans le titre depuis belle lurette) remplace l’Annie d’antan
pour assister la machine à distribuer les baffes. Mais l’aspect Moby Dick ou
Frankenstein (selon la perspective privilégiée) s’arrête ici. Parker s’est
découvert depuis un ou deux ans une passion pour les trames à caractère
scientifique (et pas toujours avec bonheur, si vous voulez mon avis). Je ne
sais pas si l’écrivain cite explicitement les travaux d’Hickman sur le SHIELD,
toujours est-il que l’agence est mobilisée comme héritière d’une organisation
millénaire chargée de surveiller un ordinateur ultra secret et capable de
révéler le futur de la Terre. Ouais, dit comme ça, c’est un peu casse-gueule,
mais Parker a plutôt bien collé ce fait nouveau avec la quête entreprise par
Betty Ross. Qui dit Hulk, dit forcément bourre-pif, et franchement on n’est pas
déçu avec ces cinq numéros. La bougresse se permet même un power-up relativement
logique et surtout bien intégré à l’arc en question. Dernier et peut-être
principal motif de satisfaction, Betty Ross est enfin dépeinte à sa juste
valeur. Que ce soit avec Greg Pak ou même Jeff Parker, cela se résumait à une
espèce de connasse ingérable et immature (et ce que ce soit vis-à-vis de son ex
ou de son père). Je grossis le trait avec une certaine vulgarité, mais ce n’est que pour mieux souligner le
changement de direction opéré. On se rappelle que Betty est aussi une
scientifique, avec un sens moral aigu et une indépendance affirmée qui en font
l’archétype de la femme forte. Il y a toujours une personnalité sous le masque
gamma, et il aurait dommage de l’oublier
avec Red She-Hulk. Si avec ça, je ne vous convaincs pas d’investir dans la
revue, je ne vois pas ce que je peux faire de plus.
AVENGERS UNIVERSE 2
Avengers Assemble #10 : Kelly Sue McConnick/Stefano Caselli
La série détestable par
excellence. L’écriture est proprement insupportable avec un traitement kikoolol
des Avengers, des blagues ratées à longueur de pages (et y en a pour tout le
monde, entre Stak, Spider Woman, même Thor s’y met, c’est dire), ses enjeux
anecdotiques dont tout le monde se contrefiche. Deux choses sauvent ce
numéro : le costume classique de Captain America et les dessins de Stefano
Caselli. Sinon, c’est nul.
Thor God of Thunder #2 : Jason Aaron/Esad Ribic
En fait il y a un troisième point
positif à Avengers Assemble, c’est qu’on apprécie à sa juste valeur une série
comme Thor God of Thunder. Je vous avais vanté les mérites le mois dernier, et
mes louanges ne faiblissent pas avec ce numéro. Jason Aaron continue sa Chanson
de Thor avec la même maestria. Cet épisode se concentre surtout sur le jeune
Thor et sa première rencontre avec le Tueur de Dieux. Le temps pour Aaron de
dépeindre avec justesse les relations qui unissent le fougueux blondinet à son
peuple, et voilà que la menace se devine au travers d’un épais brouillard. Une
fois à terre, alors que les Slaves appellent à leur secours leur propre
panthéon, un pégase blanc moucheté de sang apparaît sans son cavalier.
S’enchaîne un affrontement avec le fameux Tueur, qui dévoile en partie ses
motifs et surtout sa dangerosité. Je me rends compte qu’avec ces lignes, je ne
rends absolument pas honneur au boulot d’Aaron. Chaque case, chaque ligne de
dialogue est une merveille, un petit bijou de mythologie épique comme Thor en a
finalement peu connu dans sa carrière comicsienne. Et je ne vous parle même pas
des dessins de Ribic qui sont probablement les plus beaux de Marvel NOW. Bref,
un chef d’œuvre.
Captain America (vol 7) #2 : Rick Remender/John Romita Jr
Incontestablement ma lecture
surprise du mois. Je dois en plus avouer que ma mémoire défaillante m’avait
fait complètement oublier la manière dont s’était conclu le premier épisode. Il
n’empêche que j’ai été particulièrement saisi de ce que j’ai lu. L’épisode
s’ouvre sur la relation Captain/Ian dans l’univers de la Dimension Z. Remender
manie avec réussite le double registre du survivalisme et de la paternité, les
contraintes du premier renforçant les liens du second, eux-mêmes agissant comme
moteur de survie. Un cercle vertueux dont l’écrivain sort à mi-récit pour
poursuivre son flashback sur la jeunesse de Steve Rogers dans les années 20.
Une jeunesse pour le moins difficile mais dont Remender nous montre combien
elle a été fondatrice dans la construction de la personnalité héroïque de
Captain America. L’épisode se conclut sur une nouvelle capture, avec un
cliffangher qui fait frémir. Je n’avais pas été saisi par la plume de Remender
dans le #1, mais là je le retrouve en forme olympique, notamment dans des
dialogues d’une rare justesse. Au dessin on retrouve ce bon vieux Romita Jr, et
là je fais encore plus amende honorable. Autant je reste dubitatif sur certains
choix de colorisation, autant je m’agenouille devant ses planches au début du
numéro. Les gros plans sur Steve Rogers et Ian sont saisissants d’émotion (un
regard, un sourire, une main sur la tête) et servent à merveille les liens
fusionnels que souhaitait souligner Remender. Bref, vivement la suite, mais je
suis de plus en plus convaincu par cette version d’un Captain qui se livre plus
et ouvre les portes de son intimité sentimentale.
Indestructible Hulk #2 : Mark Waid/Leinil Francis Yu
Il me semble avoir souligné le
mois précédent comment Mark Waid avait adopté avec Hulk la même profession de
foi éprouvée avec Daredevil. Je crois que la comparaison est encore accrue ce
mois-ci. Avec Daredevil Mark Waid avait mis fin à quasiment une décennie de
dépression daredevilienne. Ici, il détruit définitivement le visage d’un Banner
consumée par le monstre qui sommeille en lui. Bruce Banner version Waid,
s’assume, rit, fait des calembours scientifiques, guérit le cancer (ouais c’est
un poil too much), et se permet le luxe de tenir tête le long d’un épisode à Tony
Stark. Je me suis un petit peu interrogé sur là où voulait nous amener Waid
dans ce vrai-faux team-up scientifique. Je pense après réflexion que l’écrivain
a voulu mettre en exergue que Banner était au-dessus de Stark, scientifiquement
parlant, et qu’il n’avait plus besoin de son patronage insupportable. Ma
détestation d’Iron Man aurait préféré un démasticage pur et simple, mais la
conclusion de l’affrontement est plus logique par rapport à la thématique que
Waid met en avant. Si la teneur de cet épisode est un cran en dessous du #1,
Indestructible Hulk reste une série plaisante, bien écrite et très prometteuse.
A titre personnel, j’adore le dessin de Leinil Francis Yu, qui démontre tout
son talent au détour de quelques cadrages particulièrement bien pensés.
Fearless Defenders #2 : Cullen Bunn/Will Sliney
J’ai trop la flemme d’écrire quoi
que ce soit sur cette série. Bref, un voyage en Asgard pour Walkyrie et ses
copines. Hela revient avec une autre bourrine. Ah et sinon une Indienne avec un
arc se fait kidnapper par une autre méchante. La série se veut drôle et
décalée, et ça l’est parfois. Mais bon, c’est pas le casting, même féminin, du
siècle. Le meilleur truc reste la couverture de Mark Brooks, absolument
géniale.
Bilan de la Revue : Avengers
est une sombre daube, Fearless Defenders c’est pas mal. S’il n’y avait que ça,
Avengers Universe serait dispensable. Mais comme les séries solo de Captain,
Thor et Hulk sont de grande qualité, impossible d’ignorer cette revue.
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