Tout de suite, la deuxième partie de notre entretien avec Watchtower Comics
Préambule : Regardons du côté du
challenger n°1 : DC Comics. La « Distinguée Concurrence » oppose
à Marvel les deux plus grandes icônes du comics avec Batman et Superman,
qu’elle est la patte DC ?
Mdata : Alors en fait
historiquement c’est DC qui a commencé à faire du super héros avant Marvel... A part ça l’approche de DC a été sensiblement
différente. Le super héros est à la base plus respecté que dans l’univers
Marvel (ce qui a donné un passage amusant dans JLA/Avengers), et surtout il y a
une notion d’héritage qui constitue le socle de l’identité de l’univers DC.
Chez cet éditeur en effet, ce n’est pas la personne derrière le masque qui
compte le plus, mais le super héros. Chez DC, on a quand même vu se succéder
durablement plusieurs titulaires pour le rôle de Flash ou Green Lantern par
exemple, ce qui est impensable chez Marvel, du moins sur le long terme. Le multivers a aussi été géré dans
la douleur, les multiples crises ayant plus ou moins remis d’aplomb les
différentes versions des personnages DC. Mais en dehors de ça, ça reste du
super héros !
P : Malgré sa réputation,
DC me semble moins accessible dans l’intégralité de son catalogue que ne l’est
Marvel, comment expliquer cet écart de traitement ?
M : Il est vrai que la
continuité DC semble plutôt complexe. Cela est dû notamment aux crises, qui
font que suivant la date de sortie d’une histoire son contexte peut être caduc.
Par exemple, lors du relaunch de Superman par John Byrne, ce dernier avait
effacé la période Superboy du héros. Donc un lecteur qui a dans les mains un
vieux Superboy et le Superman de Byrne qui affirme que cette période n’a jamais
existé peut se retrouver embarrassé. En tant que lecteurs Français, l’univers
DC nous apparaît aussi plus complexe car nous n’avons pas eu une publication en
continu de l’éditeur en France aussi soutenue que celle de Marvel, ce qui ne
facilite pas les choses pour s’en imprégner (et le fait d’avoir parfois des
histoires qui font massivement référence à des contenus inédits en VF complique
le tout).
P : Même problème que
pour Marvel, quelle serait la meilleure manière d’aborder l’univers DC en tant
que profane ? J’aurais tendance avec ma grande expérience de 4 mois de
lecture à voir que les events y sont plus importants que chez Marvel qui est
plus centré sur les temps de statu quo…
M : C’est une question
difficile, n’ayant que quelques années de recul sur DC (j’ai recommencé
sérieusement l’univers DC avec Trinity et Final Crisis) je dirais que justement
la chose à ne pas faire c’est de commencer par une crise ! Je pense que la
démarche est un peu la même, se jeter à l’eau (si possible pas en plein
crossover), en essayant de comprendre et en se documentant si besoin. Il est
vrai que les events semblent plus importants, car ils sont sources de
changements durables de l’univers, plutôt que d’être annulés au prochain.
P : 2012 sera une année
spéciale avec la reprise des droits DC par Urban Comics en lieu et place de
Panini. Est-ce que c’est une aubaine pour se lancer dans DC ? Que faut-il
attendre du relaunch (redémarrage) de toutes les séries DC, est-ce un bon timing pour le
nouveau lectorat ?
M : Je pense que c’est un
bon point de départ, car Urban Comics a annoncé un projet cohérent et structuré
pour permettre au lecteur de s’y retrouver (et surtout va proposer de
l’éditorial). A mon avis, le lecteur qui hésite encore un peu va pouvoir mettre
un doigt de pied dans l’eau du grand bain (j’aime bien cette métaphore !)
avec les albums qui vont paraître en 2012, voire même attendre le relaunch qui
pour le coup sera un bon point d’entrée.
P : Des auteurs
prestigieux ont officié également chez DC, quels albums faudrait-il absolument
posséder dans sa bibliothèque ?
M : Je pense que des albums
tels que Dark Knight, Year one, Killing Joke, Long Halloween, Arkham Asylum,
All Star Superman, Kingdom Come ou Green Lantern/Green Arrow (O’Neil/Adams)
méritent de figurer dans la bibliothèque des lecteurs de DC. Ou même pour les
lecteurs qui débutent le Hush de Jeph Loeb est plutôt sympa car via sa tonne de
guests il introduit bien le Bat-Universe, et DC Legacies offre un survol bien
fichu de l’histoire de DC. Sinon pour les amateurs de crises et de grosses
bastons cosmiques il y a Crisis on Infinite Earths. Mais c’est comme pour
Marvel, tout ceci est forcément subjectif et difficilement exhaustif.
P : Un petit mot sur la
trajectoire d’Image Comics : comment avais-tu vécu l’arrivée de
Spawn ?
M : En fait je l’ai vécue
d’assez loin, car j’étais assez éloigné du monde des comics à l’époque (j’ai
toutefois vu le film, que j’ai trouvé sympa mais sans plus). J’ai lu quelques
épisodes plus tard, mais j’avoue que je n’accroche pas des masses.
P : Avec des séries comme
Darkness et Spawn, est-ce qu’on glisse ici vers un lectorat beaucoup plus
mature ?
M : Je ne pense pas, car le
“style image” (femmes peu vêtues et hommes aux gros biscotos) s’adresse quand
même pas mal aux adolescents. Il y a certes une violence plus “graphique”, mais
je ne suis pas convaincu de la maturité de ces séries (d’ailleurs j’aime
beaucoup Darkness).
P : Tu reviens
régulièrement sur Watchtower sur les multiples adaptations de comics au cinéma.
Sachant que ces films sont rarement faits pour la « communauté
comics », qu’est-ce qui fait que l’adaptation est réussie ? Quels
sont tes films préférés ?
M : La réussite d’une
adaptation est à mon avis une notion très subjective, dépendant énormément des
attentes de chacun et de ce qu’il est prêt à tolérer pour voir une histoire
portée à l’écran. Je dirais que du moment que l’esprit du comic book est
respecté et que les adaptations du matériel original vont dans ce sens,
l’adaptation est réussie, sous réserve aussi que le film soit bon. Par exemple
X-Men - Le commencement piétine complètement la continuité des X-Men, tout en
étant très fidèle au concept et aux thèmes qui font la force de l’univers mutant
sur papier. Par contre ce qui me désole, c’est qu’au cinéma tout est fait pour
rentabiliser au maximum les têtes d’affiche, donc le moindre prétexte est bon
pour que le héros tombe le masque. Je suis issu d’une génération où il était
encore tabou que l’identité secrète d’un super héros soit dévoilée, donc
j’avoue que c’est un aspect qui me rebute un peu dans les films...En ce qui me
concerne, mon film de super-héros préféré reste le Superman de Richard Donner,
mais de façon plus contemporaine j’aime beaucoup Spiderman 2, X-Men (tous sauf
le 3 que j’aime moins), Iron Man (surtout le premier), Thor et Captain America.
Chez DC, je sais que je vais faire grincer des dents mais j’aime bien la vision
que Christopher Nolan a de Batman. Et sinon j’ai beaucoup aimé l’adaptation de
Kick-Ass, largement supérieure au comic book d’origine.
P : Les films n’ont
jamais été aussi vus dans le monde alors que les ventes de comics chutent régulièrement, comment expliquer cet étrange
phénomène ? Peut-on s’attendre à un nouvel essor à l’avenir ?
M : En fait comme je le
disais précédemment, il est illusoire de penser qu’un spectateur d’une
adaptation va forcément devenir un lecteur (ou en redevenir un). Les films sont
auto-suffisants, et donc même si leur succès a des effets positifs certains
(comme de mettre fin à infantilisation du lecteur de comics), je ne pense
pas qu’on puisse tabler dessus pour booster les ventes durablement. Après je
n’aurais pas la prétention de pouvoir analyser l’évolution du marché, je pense
qu’il y a aussi des facteurs économiques qui sont bien au-delà de ma sphère de
compétences qui entrent en jeu, ainsi qu’une évolution des loisirs des jeunes
(la place du jeu vidéo est bien plus prépondérante qu’il y a 20 ans).
Au même titre que les parutions Marvel, je vous enjoins de vous référer aux très bonnes critiques de Mdata sur les différentes productions de DC :
Batman : Arkham Asylum de Morrison, The Dark Knight Returns et Year One de Frank Miller, A Long Halloween de Loeb.
Merci encore à Mdata pour son regard toujours précis et intéressant !
A bientôt à Préambule ou sur Watchtower Comics, en attendant , LISEZ DU COMICS !!
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